Apocalipsync
Bouger, déconfiner !
De
Luciano Rosso et Maria Saccone
Mise en scène
uciano Rosso, Maria Saccone, Hermes Gaido
Avec
Luciano Rosso
Notre recommandation
3/5
Infos & réservation
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin Roosevelt
75008
Paris
01 44 95 98 21
Du 14 mars au 2 avril 2023, du mardi au dimanche, 18h30
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Thème
- Dans la joie et la bonne humeur, sans un mot, uniquement par les mimiques, les gestes et des rythmes musicaux, Alfonso Rosso reconstitue sa vie en confinement.
- Il mime donc ce que fut alors son quotidien : il se lave les dents, fait des grimaces à son miroir, danse, zappe sur les chaines télé, tente de lire sans y parvenir, fait de l’exercice en se moquant de la prof de fitness qui s’agite sur une vidéo postée sur internet, file prendre une douche, tente de sortir de son vieux peignoir moche en improvisant habilement de nouveaux costumes de scène avec ce qui lui tombe sous la main, et finalement prépare de nouveaux sketchs en martyrisant ses muscles et ses os.
- Tout contribue à rappeler comment le quotidien a pu alors devenir à la fois insupportable de banalité et tellement étrange.
Points forts
- Alors que tout ou presque a été dit sur l’expérience de confinement, utiliser le langage du visage et des gestes, sans prononcer un seul mot, est une façon intéressante de montrer comment, pour Alfonso Rosso comme pour des millions de gens, il a fallu improviser pour surmonter l’arrêt de toute vie sociale et l’étirement inédit du temps, entre ennui et recherche de créativité.
- Alfonso Rosso parvient ainsi, par le seul jeu des lèvres (le lipsync) et les mouvements dansés du corps, à composer la symphonie des bruits anodins qui prirent une importance inédite durant le confinement : depuis les disputes du voisinage, jusqu’au verbiage répétitif des consignes sanitaires et administratives contradictoires, en passant par la musique, de variété ou classique, qui ramène du rythme et du rêve.
- Quelques bons morceaux, où il mime les cris et les postures des animaux, nous projettent en pleine basse-cour ou dans la savane, et c’est à la fois tendre et drôle.
- Dans ce bestiaire gesticulé, le cygne mérite une mention spéciale : par la grâce des mouvements de son dos, bougeant lentement ses muscles deltoïdes, jouant habilement des reflets de sa peau dorée par la lumière des projecteurs, utilisant les effets d’optique produits par un tatouage, le mime et danseur à la fois fait apparaître et s’envoler sous nos yeux ébahis un oiseau magnifique.
Quelques réserves
- Par principe, le spectacle navigue au petit bonheur, et forcément, il y a des hauts et des bas.
- Ainsi, on se serait bien passé du sketch si rebattu montrant un personnage immature qui chante en play back le tube d’une star, avec une brosse à cheveu pour micro : comme on l’a tous fait un jour d’ennui adolescent, l’on n’a pas forcément envie de s’ennuyer une fois encore à regarder pareil cliché…
Encore un mot...
- La gesticulation didactique ou humoristique est décidément très à la mode ces temps-ci, et dans ce spectacle, on s’amuse souvent.
- Mais contempler les morceaux d’un patchwork fait d’incontestables et scintillantes pépites, parfois mêlées à du tout-venant, laisse une impression quelque peu mitigée.
Une phrase
- Nous nous en dispenserons, puisque tout l’art d’Apocalipsync consiste précisément à tout nous raconter sans jamais prononcer un mot ...
L'auteur
- L’argentin Luciano Rosso, ici créateur, metteur en scène et interprète, est connu dans le monde entier, grâce à ses tournées et aux médias sociaux, pour ses performances et spectacles. Il se distingue par sa manière de conjuguer plusieurs disciplines scéniques : théâtre, mime, danse et… Lipsync.
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