Tata
Parution le 18 septembre 2024
640 pages
23,90 €
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Thème
Agnès apprend avec stupeur que Colette, sa tante qu'elle croyait morte, est décédée une deuxième fois. L'absurdité de cette annonce va l'emmener à plonger dans la vie de cette femme méconnue et aux origines de sa famille.
L'annonce de la mort d'une figure de son enfance est toujours un moment bouleversant. Agnès Dugain, réalisatrice de talent mais en panne d'inspiration suite à une séparation douloureuse, fille d'un couple de musiciens de renommée internationale, va vivre ce bouleversement non pas une fois mais deux fois. Colette, sa tante, une petite femme grise de province, célibataire sans enfant, à la parole convenue et ennuyeuse pour l'ado qu'elle était est morte il y a trois ans et... hier soir.
La sidération face à l'incongruité de cette seconde annonce et un questionnement sans fin vont amener Agnès à replonger dans l'histoire de celle qu'elle n'a jamais appelée Tata et à replonger aussi dans sa propre enfance. Accompagnée et soutenue par ses amis de jeunesse, elle va découvrir à travers le legs d'une valise pleine de cassettes enregistrées par Colette, l'histoire méconnue de cette femme mais aussi elle va appréhender d'autres vérités jusqu'ici ignorées.
Points forts
Tous les personnages du roman font l'objet d'une étude psychologique fouillée et chaque protagoniste apparaît presque tour à tour comme le personnage principal de l'histoire. La complexité de chaque personnage, défini aussi bien par ses défauts, ses manques ou ses addictions que par ses qualités, captive le lecteur.
Les descriptions sont extrêmement précises : les objets du quotidien, l'évocation des odeurs, les références musicales nous replongent dans des époques et des décors familiers à nous, lecteurs.
Le thème de la résilience est central dans ce roman : comment un enfant arrive à construire sa vie d'adulte en dépit du manque d'amour maternel, de la violence intrafamiliale, de l'horreur des guerres, du vice. Sans mièvrerie et en toute délicatesse, l'auteure aborde des sujets essentiels souvent à la base des secrets de famille.
L'auteure fait un clin d'œil à sa propre bibliographie ( Trois paru en 2021) en plaçant dans la bouche d'Agnès et de ses amis d'enfance une référence à une piscine municipale comme lieu de rencontre des ados.
Quelques réserves
Les entrées de ce roman sont très foisonnantes : changement d'époque, changement de narrateur, changement de typographie qu'il faut parfois se reporter à quelques pages en arrière pour reprendre et comprendre le fil du récit.
Encore un mot...
J'aime tout particulièrement chez Valérie Perrin les descriptions du monde de la jeunesse : le temps enjoué des vacances, mais aussi le temps long et parfois ennuyeux de l'enfance, le temps d'avant les écrans et d'Internet.
Une phrase
« Je regardais ma tante sans la voir. Je prenais cette passion du football pour la toquade d'une marginale. Une femme sans enfant ni mari qui faisait un métier d'homme. Oui, lorsque j'étais adolescente, je pensais que les femmes sans enfants ni mari n'étaient pas nettes, et encore moins celles qui chérissaient un sport de garçons. On peut être jeune et arriéré. » P.116
L'auteur
Tata est le quatrième roman de Valérie Perrin. Ces trois premiers livres Les oubliés du dimanche (2015), Changer l'eau des fleurs (2018) et Trois (2021) ont tous reçu de nombreux prix littéraires. Elle est aussi scénariste et photographe de plateau, notamment pour Claude Lelouch, ce qui explique probablement la dimension visuelle très précise de son écriture.
Sur Culture-Tops : Changer l'eau des fleurs
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