La seule histoire

C'est agréable, un grand auteur en pleine forme !
De
Julian Barnes
Editions Mercure de France - 272 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

Le narrateur décide de raconter « la seule histoire », cinquante ans après l’avoir vécue. Paul, dix-neuf ans, en vacances chez ses parents dans une petite ville à une vingtaine de  kilomètres au sud de Londres, rencontre au club de tennis Susan, quarante-huit ans, plus du tout proche du mari brutal, avec lequel elle a eu deux filles. Très vite une complicité s’établit entre ces deux partenaires de double mixte, il la reconduit plusieurs fois chez elle. Puis il tombe « raide amoureux » de cette femme mûre, si douce, si pudique, si rayonnante, avec laquelle il rit beaucoup. Ils vivent un amour évident, simple, intense sans se soucier le moins du monde de l’indignation de leurs proches. Convaincus de la force de leur sentiment, ils vont s’installer à Londres. Et là petit à petit tout change. Les fragilités de Susan apparaissent : elle commence à mentir, elle n’arrive pas à rompre avec son passé impossible à effacer et surtout elle se réfugie dans l’alcool, ce qui plonge Paul dans un profond désarroi. Il se sent blessé et trahi, d’autant plus qu’il ne parviendra pas à la sauver.

Points forts

• Le titre revient à plusieurs reprises : la première histoire d’amour est la seule, d’après l’auteur, elle détermine toutes les autres qu’elle soit heureuse ou malheureuse.

• La construction du livre : trois parties, trois points de vue. D’abord, la première personne, pour raconter les commencements si prometteurs de leur rencontre, puis il s’adresse à lui-même pour prendre de la distance : que s’est-il passé pour en arriver à une destruction mutuelle ? Et enfin, dans la troisième partie qui éclaire les deux premières, il déroule le film de sa vie, en dressant une sorte de bilan sous la forme d’une conversation avec le lecteur.

• L’objectif répété du narrateur est de dire la vérité sur cet amour ; il refuse de reconstruire le passé, même si la mémoire lui joue des tours : des détails futiles lui reviennent, alors que des aspects essentiels sont oubliés.

• La clé pour comprendre sa démarche est donnée par la première phrase du livre : « Préféreriez-vous aimer davantage et souffrir davantage, ou aimer moins et moins souffrir ? »

• Une analyse toute en finesse de l’amour, dont il cherche indéfiniment la définition et les variations. Comment un bonheur partagé peut-il devenir un désastre, dans lequel se conjuguent pitié, colère et dégoût de soi ?

• Un portrait magnifique des deux protagonistes à travers une sorte d’inversion des rôles : du côté de Paul, l’audace et l’assurance de la jeunesse, et du côté de Susan, la timidité et la naïveté, malgré son âge.

Quelques réserves

Je n’en vois pas.

Encore un mot...

On retrouve avec bonheur la plume élégante de Julian Barnes, qui nous propose ici une réflexion profonde sur la vérité de l’amour, sur la quête du bonheur, sur le temps qui passe. Un roman d’une grande beauté mélancolique au ton très anglais, fait de pudeur, de distance, d’ironie.

Une phrase

Ou plutôt deux:

- « la vie avec Susan – l’intensité du présent, le frisson de l’avenir inconnu, le rejet de toutes les misérables préoccupations du passé. » p. 106

- « En amour, tout est vrai, tout est faux : et c’est la seule chose sur laquelle on ne puisse dire une absurdité. » Phrase de Chamfort citée deux fois p. 209 et 227.

L'auteur

Né en 1946, Julian Barnes est un écrivain anglais très célèbre, dont les œuvres sont traduites en quarante langues. Récompensé par le David Cohen Prize pour l’ensemble de son œuvre, il est l’auteur de nombreux romans et essais, dont Le Perroquet de Flaubert (Prix Médicis 1986) et Une fille qui danse (2013).

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