Indépendance
Parution en mai 2022
352 pages
23 €
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Thème
Indépendance est le deuxième tome d’une trilogie policière entamée par Javier Cercas avec Terra Alta, chroniqué par Culture-Tops lors de sa sortie il y a tout juste un an.
Le premier opus mettait en scène Melchor, un policier, ancien délinquant, sauvé par la littérature (il a appelé sa fille Cosette), appelé à résoudre un crime crapuleux mais rattrapé par son passé.
Nous le retrouvons, solidement enraciné en Terra Alta, une région du sud de la Catalogne. Il est appelé à Barcelone pour résoudre une affaire de chantage qui vise la maire de la ville. Tout d’abord réticent, il finit par accepter de mener l’enquête. Il va devoir plonger dans un univers sordide où les rejetons de la haute bourgeoisie catalane vivent au-dessus des lois, protégés par tout un clan qui leur assure une sorte d’impunité de classe.
Points forts
- L’histoire se déroule aux alentours de 2025 mais c’est bien la société barcelonaise actuelle qui est visée, notamment dans sa tentative de sécession en 2017. Le livre dresse un portrait au vitriol des élites politiques et économiques barcelonaises et constitue une critique sans fard de la tyrannie exercée par les nantis qui se prennent pour les maîtres du monde.
- Javier Cercas replonge dans les affres de la guerre civile espagnole, thématique qui obsède l’auteur depuis son premier roman, Les soldats de Salamine. Livre après livre, il ne cesse d’interroger le passé de l’Espagne et les cicatrices mal refermées de cet épisode qui n’en finit pas de traverser la société espagnole.
- C’est un polar, mais c’est aussi une enquête autobiographique, qui mêle fiction et réalité, grâce à une intrigue parfaitement maîtrisée de bout en bout.
- Avec ce deuxième opus, Javier Cercas creuse encore le personnage créé dans Terra Alta. Il lui donne une épaisseur nouvelle en mettant en scène la famille qu’il s’est constitué : sa femme Olga et sa fille Cosette et les amis qui le soutiennent indéfectiblement.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Cercas persiste et signe dans le polar ! Comme un Jean-Patrick Manchette en France en son temps, il utilise les codes de ce genre littéraire pour fustiger une société malade. Il en décrit les rouages, déconstruit les mécanismes et développe une critique historique bien plus convaincante que n’importe quel essai. C’est également une façon de développer les thèmes qui traversent son œuvre : le mensonge, le mal, le passé refoulé, l’identité …
Une phrase
“ Quatre ans se sont écoulés depuis l’après-midi où elle est morte après avoir été renversée par une voiture qu’Albert Ferrer avait louée la veille à Tortosa. Celui-ci, comme il l’a prétendu au cours des interrogatoires et du procès de l’affaire Adell, n’avait pas pour intention de la tuer mais seulement d’intimider Melchor et l’obliger ainsi à abandonner une bonne fois pour toute l’enquête sur l’assassinat de ses beaux-parents, qu’il s’était obstiné à poursuivre bien que l’affaire soit officiellement classée. Quoi qu’il en soit, il ne s’est pratiquement pas passé un seul jour depuis la mort d’Olga sans que Melchor pense à elle.”
L'auteur
Javier Cercas est un écrivain espagnol né en 1962. Sa bibliographie, riche d’une douzaine de titres, est traduite dans le monde entier et lui a valu de nombreux prix.
Parmi ceux-ci, citons Les Lois de la frontière qui reçoit en 2014 le Prix Méditerranée étranger. Son œuvre est traversée par des thèmes récurrents : la guerre civile espagnole, l’imposture, la rédemption, l’identité de son pays, avec le souci constant de se réinventer.
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