LA PASSANTE DU SANS-SOUCI
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Thème
Paris 1981. Lors d’une audience, Max Baumstein (Michel Piccoli), président respecté d’une organisation humanitaire, abat froidement l’ambassadeur du Paraguay, Federico Logo (Mathieu Carrière). Il se constitue prisonnier et commence à expliquer la raison de son geste à sa jeune compagne, Lina (Romy Schneider), qui ignore tout de son passé.
En 1933, encore enfant, Max fut martyrisé par les nazis pendant que son père était abattu sous ses yeux. Recueilli par Michel et Elsa Wiener, le petit garçon dut fuir à Paris à cause des menaces dont ce couple aimant et protecteur faisait l’objet. Plus tard, lorsque Michel (Helmut Griem) tenta de le rejoindre, lui et Elsa, sa mère adoptive – qui était parvenue à passer en France –, il fut arrêté et déporté en camp de concentration. Contre sa libération, un certain Ruppert von Legaart exigea qu’Elsa se donne à lui. C’est ce même Ruppert von Legaart, que, quelques quarante années plus tard, Max va retrouver ambassadeur,sous l’identité de Federico Largo,
Points forts
- Inspiré par le roman éponyme de Joseph Kessel publié en 1936, La Passante du Sans-Souci est un projet qui fut initié par Romy Schneider. A la toute fin des années 70, alors qu’elle n’en finit pas de culpabiliser sur les liens qu’entretint sa mère, l’actrice Magda Schneider, avec le régime d’Hitler, la comédienne découvre le livre de Kessel. Elle décide d’en monter une adaptation pour le cinéma, peut-être une façon, pour elle, de conjurer le passé de sa mère. C’est elle qui va aller solliciter un producteur (Raymond Danon), elle qui va demander à Michel Piccoli d’être son partenaire, elle aussi qui va proposer à Jacques Rouffio d’être le réalisateur du projet. Tous donnent leur accord. Pour donner une résonance contemporaine au film, Rouffio et son scénariste Jacques Kirsner vont modifier le roman. Le scénario qui résulte de leur collaboration est formidable : il est tendu, implacable et surtout, il colle parfaitement à la personnalité du duo, Romy Schneider et Michel Piccoli qui va interpréter le couple Lina et Max Baumstein.
– Lorsque des dialogues sont écrits sur mesure pour des comédiens, en général, ces derniers étincellent. C’est le cas ici. Muré dans sa douleur d’ancien enfant martyrisé et traumatisé, Michel Piccoli est impressionnant de détermination. Quant à Romy Schneider, durement éprouvée dans sa vie personnelle par le décès de son fils accidentellement et mortellement blessé pour avoir tenté de franchir la grille de protection de sa propriété, elle est bouleversante, comme jamais, et comme elle ne sera d’ailleurs jamais plus, puisqu’elle mourra quelques mois après la sortie du film.
Quelques réserves
– Le classicisme « pataud » de la réalisation. Jacques Rouffio qu’on avait connu plus « inspiré », dans Le Sucre par exemple, semble comme dépassé par son sujet. Malgré l’incandescence du jeu de Romy Schneider, cet académisme nuit, par moments, aux émotions que dégage le film. C’est d’autant plus rageant que, comme on l’a écrit plus haut, le scénario du cinéaste est remarquable de tension et d’intensité.
Encore un mot...
Malgré les faiblesses de sa réalisation, La Passante du Sans-Souci connut à sa sortie en salles un très beau succès public puisqu’il réalisa près de 2 millions d’entrées sur le seul Hexagone. Succès mérité, pour son sujet (la persistance de l’idéologie nazie à travers le monde, cinquante ans après), mais surtout pour la prestation de Romy Schneider qui force l’admiration et le respect.
Sa réédition en DVD est une aubaine pour les fans de la star.
Une phrase
«Dans La Passante du Sans-Souci, Romy Schneider, fascinante, livre une prestation éblouissante de justesse. Elle se met totalement à nu dans ce film requiem où elle nous offre ses derniers sourires… Impossible de rester de marbre. Tour à tour bouleversante, éblouissante, anéantie, elle livre une ultime performance d’actrice qui restera à jamais gravée dans les mémoires » (Nicolas Jouenne, Le Figaro, 7 novembre 2007)
L'auteur
Né le 14 août 1928 à Marseille, Jacques Rouffio restera comme un réalisateur engagé qui aimait s’attaquer aux tabous de la société.
Après avoir commencé à 25 ans comme assistant de Jean Delannoy, d’Henri Verneuil et de Georges Franju, il réalise son premier long métrage en 1967, L’Horizon, d’après le roman de Georges Conchon, qui sera son scénariste le plus fidèle. Le film, qui traite de la révolte des soldats en 1917 - à l’époque, un sujet encore épineux - est un demi-échec. Les conséquences de ce quasi fiasco seront lourdes : dix ans de silence. Mais elles n’empêcheront pas le cinéaste de continuer à mettre à l’écran des sujets qui dérangent. En 1976, il sort Sept morts sur ordonnance, qui traite, sans concession, des dérives du monde médical; en 1978, Le Sucre, dont le thème central est la spéculation financière, puis en 1982, La Passante du Sans-Souci qui rappelle l’ignominie du fascisme. Il conclura sa carrière cinématographique en 1989 avec L’Orchestre rouge (un drame historique sur un réseau d’espionnage soviétique anti-nazi pendant la seconde guerre mondiale), préférant se tourner ensuite vers la réalisation de téléfilms. Jacques Rouffio décédera le 8 juillet 2016 à Sèvres.
Et aussi
- NAPOLÉON, LA DESTINÉE ET LA MORT de Mathieu SCHWARTZ – DOCUMENTAIRE FICTION.
Encore un documentaire sur Napoléon ? Bicentenaire obligeant, oui, encore! Mais celui-là a un angle totalement inédit puisqu’il nous fait découvrir la relation que le vainqueur d’Austerlitz entretint avec la mort. Une mort qu’il frôla à six reprises, avant de la mettre en scène à Sainte- Hélène. Entre ces six fois (la première fut en 1795 lorsque, miné par la sensation d’avoir tout raté, le futur empereur eut la tentation de se suicider), on va assister à l’ascension qui mena le petit Corse jusqu’au rang de légende, porté par son talent, son ambition et… cette chance insolente qui lui fit échapper six fois à la camarde. Les historiens présents dans ce documentaire s’accordent tous pour dire que le vaillant Général dont une des phrases favorites était : « Le boulet qui me fauchera n’est pas encore fondu », aura constamment défié la mort.
Dans ce passionnant documentaire dont le texte est lu par Denis Podalydes, le héros n’apparait que sous la forme d’un personnage de dessin animé, mais les historiens qui interviennent sont, eux, bien présents et parlent face caméra. Quand s’inscrit le mot fin, on en sait beaucoup plus sur la complexe psychologie de celui qui repose aujourd’hui aux Invalides.
Recommandation : Excellent
Sortie DVD – Arte editions
Pas de bonus vidéo.
– La BAULE-LES-PINS de Diane KURYS - Avec Nathalie BAYE, Richard BERRY, ZABOU, Jean-Pierre BACRI, Vincent LINDON…
Juillet 1958. Comme chaque année, Frédérique (13 ans) et Sophie (8 ans) partent en vacances à la Baule avec leur gouvernante, mais pour la première fois, sans leurs parents, Léna et Michel, qui sont sur le point de se séparer. Quelque temps plus tard, Léna vient les rejoindre, pour les voir, mais aussi pour retrouver son amant Jean-Claude, qui va lui proposer d’embarquer avec lui pour l’Amérique. Mais Michel ,aussi, va arriver. Une belle pagaille va s’en suivre dans une grande confusion des sentiments.
Quelle jolie chronique sur l’enfance, ses bêtises, ses fous-rire, ses cachotteries, ses serments « à la vie, à la mort » et ses tourments ! Quelle chronique charmante aussi sur les vacances au bord de la mer, ses bains, ses jeux, ses amitiés, ses devoirs, ses émois et ses petites transgressions. Et comme en plus Diane Kurys situe son film à la fin des années 50, on est pris en même temps d’une jolie nostalgie. Et puis, quelle pléiade d’acteurs! Ils sont tous formidables, évoquant à merveille cette époque qui paraît un brin surannée. Un DVD qui tombe à pic en ces temps à la fois confinés et mouvementés. Avec, en plus, dans la distribution, la surprise d’un Jean-Pierre Bacri à la tendresse bougonnante de laquelle il est impossible de ne pas craquer.
Recommandation : Excellent
Sortie Combo Blu-ray + DVD – Editions ESC.
Bonus vidéo : Blu-ray : entretiens avec Diane Kurys ( 2004 et 2021) ; entretien avec Nathalie Baye (2021) ; 15 ans après, les retrouvailles avec les enfants ; bande-annonce.
DVD : Entretien avec Diane Kurys ( 2021) ; Entretien avec Nathalie Baye (2021) ; bande-annonce.
– La DEROBADE de Daniel DUVAL – Avec Miou-Miou, Maria SCHNEIDER, Niels ARESTRUP…
Marie,19 ans, s’ennuie ferme dans sa vie de banlieusarde sans avenir. Un jour, dans un café, elle croise le regard de Gérard, un beau brun frimeur et volubile. Elle s’enflamme. Aveuglée par l’amour, elle décide de quitter ses parents et de plaquer son métier de vendeuse pour aller vivre avec celui qu’elle considère désormais comme l’homme de sa vie. Elle va vite déchanter: sans le soupçonner un seul instant, elle est entrée dans l’univers, dur, dégradant et sordide, de la prostitution. Du bordel chic à la maison d’abattage, elle va en connaître tous les « décors »…
Inspiré du best-seller autobiographique de Jeanne Cordelier (un million d’exemplaires vendus), La Dérobade est une plongée sans concession dans l’univers de la prostitution, ce qui lui donne, par moments, la « vérité » d’un documentaire. Daniel Duval (qui est aussi le réalisateur) est plus que parfait dans le rôle du mac à belle gueule, odieux, impulsif et violent. Dans celui de Marie, Miou-Miou, tour à tour fragile, soumise, paumée, mais aussi énergique et déterminée est époustouflante de naturel. En 1980, ce rôle avait d’ailleurs valu à la comédienne le César de la Meilleure actrice. Dans un personnage de prostituée elle aussi, la pulpeuse Maria Schneider n’est pas mal non plus ! Un film à voir ou à revoir, pour sa portée sociologique et surtout, pour la performance de Miou-Miou .
Recommandation: Excellent
Sortie vidéo DVD, Blu-ray – Tamasa Diffusion.
Bonus vidéo : A bonne distance par Fabienne Vette et Bernard Payen (45’) ; bandes-annonces La Dérobade et L’Ombre des châteaux.
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