Les graines du figuier sauvage
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Thème
Iman (Misagh Zare) vient d’être nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran au moment où le pays est secoué par des mouvements de protestation sans précédent. Bien que témoin d’un système absurde et de nombreuses injustices, il décide de s’y conformer au grand dam de ses deux filles, Rezvan (Mahsa Rostami) et Sana (Setareh Maleki), engagées dans les luttes contre le système politique iranien. La mère, Najmeh (Soheila Golestani), tente tant bien que mal de ménager les deux camps. Le jour où l’arme de service d’Iman disparaît mystérieusement, la paranoïa s’installe dans le foyer et bouscule le quotidien de la famille…
Points forts
Son regard sur l’actualité. Le nouveau film de Mohammad Rassoulof (Un homme intègre, Le Diable n’existe pas…) se penche sur tous les mouvements de protestation qui ont secoué la société iranienne après le décès de Mahsa Amini, en septembre 2022, et qui ont conduit au fameux « Femme, Vie, Liberté ». Entre la fiction et le documentaire, Les Graines du figuier sauvage offre un regard édifiant sur un pays empêtré dans son archaïsme.
Son mélange des genres. Incroyablement dense, le long-métrage de Mohammad Rasoulof navigue pendant près de trois heures à la frontière de plusieurs genres cinématographiques. Du drame, il glisse progressivement avant de bifurquer vers le film d’action, le temps d’une séquence de course-poursuite particulièrement haletante.
Son sens de la dramaturgie. À mesure que le film se développe, l’atmosphère se fait de plus en plus étouffante. Une fois de plus, Mohammad Rasoulof réussit cet exploit grâce à une mise en scène virtuose qui fait de lui l’un des plus grands cinéastes contemporains en activité.
- Son casting. Misagh Zare est épatant en juge confronté à l’absurdité du système qu’il nourrit bien malgré lui. Face à lui, Soheila Golestani tire son épingle du jeu en épouse tiraillée entre deux camps. Mention spéciale aux jeunes Mahsa Rostami et Setareh Maleki, incroyables en militantes passionnées et en quête de nouveaux lendemains.
Quelques réserves
- Aucune. Si ce n’est de déplorer que le film n’a reçu « qu’un » Prix Spécial du jury au Festival de Cannes. Une Palme d’or aurait évidemment été plus logique…
Encore un mot...
Le titre du film fait référence à un arbre qui se trouve dans une île au sud de l’Iran sur laquelle Mohammad Rasoulof a vécu pendant plusieurs années. Le nom scientifique du figuier sauvage est « ficus religiosa ». C’est en s’intéressant au cycle de vie de cet arbre que le réalisateur a trouvé l’inspiration pour son film. Les graines du figuier sauvage sont contenues dans des déjections d’oiseaux et chutent sur d’autres arbres. Par la suite, elles germent dans les interstices des branches et les racines naissantes poussent vers le sol. Apparaissent alors de nouvelles branches qui enlacent le tronc de l’arbre hôte jusqu’à l’étrangler. Enfin, le figuier sauvage se dresse, libéré de son socle. Une image assez métaphorique qui résonne étroitement avec le récit du nouveau film de Mohammad Rasoulof…
Une phrase
« Avant que les services de renseignement de la République islamique ne soient informés de la production de mon film, un certain nombre d’acteurs ont réussi à quitter l’Iran. Cependant, de nombreux acteurs et techniciens du film sont toujours en Iran et les services de renseignement les persécutent. Ils ont subi de longs interrogatoires. On leur a demandé de faire pression sur moi pour que je retire le film du Festival de Cannes. On a essayé de leur faire dire qu’ils n’étaient pas au courant de l’histoire du film et qu’ils avaient été manipulés pour participer au projet. Les familles de certains d’entre eux ont été convoquées et menacées. En raison de leur participation au film, des poursuites judiciaires ont été engagées contre eux et il leur a été interdit de quitter le pays. Une descente dans le bureau du directeur de la photographie a eu lieu, et tout son matériel a été emporté ». (Déclaration de Mohammad Rasoulof, daté du 12 mai 2024, dossier de presse du film)
L'auteur
Mohammad Rasoulof est né à Shiraz, en Iran, en 1972. Il commence sa carrière en réalisant des courts-métrages et des documentaires pour le cinéma. Son premier long-métrage, The Twilight, sort en 2002. Suivent La vie sur l’eau (2005) et The white meadows (2009).
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