Dalton Trumbo
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Thème
Dalton Trumbo (1905-1976), interprété par Bryan Cranston, a écrit des milliers de scénarios dont celui de « Spartacus » réalisé par Stanley Kubrick et de « Johnny got his gun », roman qu’il a écrit en 1938 et qu’il a adapté lui-même au grand écran en 1971 – c’est sa seule réalisation. Il adhère au parti communiste en 1943, faisant ainsi la démonstration qu’on peut être riche et communiste. Quand la commission des activités antiaméricaines se réunit en 1947 à Washington pour déterminer qui sont les individus suspects dans le monde du cinéma, Trumbo fait partie des « Dix d’Hollywood » qui refusent de répondre à la question : « Etes-vous encore ou avez-vous été membre du parti communiste ? », au nom du premier amendement de la constitution américaine qui invoque la liberté d’expression et de réunion. Il est condamné à une peine de prison qu’il effectue en 1950 pendant 11 mois. Bien qu’il soit ensuite interdit de travailler dans le cinéma, cela ne stoppe en rien son activité artistique ; il va signer pendant dix ans sous divers pseudonymes de multiples scénarios jusqu’à ce qu’en 1960 Kirk Douglas, le héros de « Spartacus », exige que son vrai nom soit inscrit au générique du film, signifiant ainsi la fin du maccarthysme, cette maladie honteuse de la démocratie américaine.
Points forts
- Drôle d’idée de réaliser un film sur un scénariste, fut-il le plus prolixe du monde. Cette idée s’avère fertile car le spectateur peut ainsi revivre une page de l’histoire des Etats-Unis. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les relations entre les USA et l’URSS se dégradent, on entre dans la guerre froide. Aux Etats-Unis, la peur de la menace communiste atteint des sommets. La commission des activités antiaméricaines (HUAC : House Un-American Activities Committee) enquête sur des dizaine de milliers d’Américains soupçonnés de sympathie procommuniste. La HUAC s’intéresse particulièrement à Hollywood et organise des audiences en octobre 1947 destinées à purger le secteur cinématographique de ses éléments communistes. Craignant de perdre leur travail, de nombreux acteurs, réalisateurs, producteurs et scénaristes acceptent de témoigner contre leurs amis et confrères. Sauf dix d’entre eux…
- L’une des plus farouches adversaires de Trumbo se nomme Hedda Hopper, interprétée avec alacrité par Helen Mirren. C’est la reine des potins d’Hollywood. « Elle était réputée pour ses chapeaux extravagants recouverts de fleurs et de plumes, dit Jay Roch. Elle était déterminée à convaincre les Américains que les scénaristes et autres professionnels du cinéma, pourtant tous patriotes comme Donald Trumbo, étaient des traîtres. Elle a écrit des articles diffamatoires qui étaient lus pas 35 millions de personnes ».
- En balayant vingt ans d’histoire du cinéma américain, de 1945 à 1965, le cinéaste et son scénariste John McNamara démontrent, images d’archives à l’appui, combien Hollywood était impliquée dans l’histoire des Etats-Unis. Le film se termine sur le discours bouleversant de Dalton Trumbo recevant enfin publiquement une récompense en 1960 et demandant avec panache à chacun, dénonciateurs et victimes, de se réconcilier pour le bien des États-Unis, remerciant au passage son épouse, interprétée par la douce Diane Lane, et ses enfants, de l’avoir aidé à tenir le coup. Où l’on découvre aussi dans ce film que la famille Trumbo fonctionnait comme une petite entreprise bien gérée.
Quelques réserves
Acteurs, réalisateurs et producteurs d’autrefois, figures connues et qui le sont encore, défilent dans ce film-hommage. C’est le travers des biopics de rassembler un maximum de têtes connues à l’aide de sosies plus ou moins ressemblants. Quand le cinéma se regarde dans son beau miroir…
Encore un mot...
Plusieurs figures légendaires apparaissent ainsi en pleine gloire au moment où Hollywood imposait ses codes artistiques au cinéma mondial. C’est le cas de John Wayne, joué par David James Elliott et de Kirk Douglas, cité plus haut, interprété par Dean O’Gorman. On ne peut pas dire que le cowboy des films de John Ford, contrairement à Douglas, s’en soit sorti avec les honneurs – il était du côté des dénonciateurs. À noter que les enfants de Trumbo, en particulier sa fille Nikola (Elle Fanning), ont conseillé le cinéaste. Et pour une fois qu’un métier de l’ombre se découvre en pleine lumière dans un grand film, qui s’en plaindra ?
L'auteur
Le premier succès de Jay Roch, né il y a 58 ans dans le Nouveau Mexique, est une parodie de James Bond, « Austin Powers » (1997), suivie de deux répliques, « Austin Powers 2 : l’espion qui m’a tirée » et « Austin Powers 3 : Goldmember ». Le spectateur rigolera trois fois… mauvais jeu de mot car une quatrième réplique est en préparation. Roch est aussi le réalisateur d’une grosse comédie à succès un brin vulgaire, « Mon beau-père et moi », avec Robert de Niro et Ben Stiller, récemment sortie en France. Il est également producteur et connaît parfaitement les coulisses et l’histoire du cinéma américain. C’est sans doute pour cela qu’il s’est lancé dans un film sérieux, cette fois, et très documenté, sur le célèbre scénariste hollywoodien Dalton Trumbo.
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