Histoire

L'UKRAINE : UNE HISTOIRE, UNE REINE, UN FILM

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Un livre ? Celui de Pierre Lorrain, au titre fort bien choisi,  Ukraine une histoire entre deux destins peut contribuer à éclairer les points de vue sur le conflit actuel, notamment en permettant d'approfondir les connaissances historiques, recommandé par notre chroniqueur Charles Chatelin : "L'auteur fait une analyse très fine de la mainmise bolchevique sur les provinces ukrainiennes, de la famine effroyable que Staline orchestra au début des années 1930, puis de l'invasion nazie que beaucoup de nationalistes ukrainiens, surtout dans l'ex-Galicie, ont vu comme une libération de l'enfer soviétique. Les conséquences se mesurent encore aujourd'hui, et c'est le mérite du livre de les mettre en perspective." Certes, le livre est paru en 2019 mais il a été mis à jour  récemment et les Editions Bartillat viennent de le redistribuer en librairie.

Une reine ? Elle s'appelait Anne de Kiev et elle est devenue reine de France.  Elle était l'épouse du roi Henri 1er (1008-1060), troisième roi capétien, fils de Robert le Pieux, sacré roi de France en 1027. Il faut avouer qu'il était peu chanceux en mariage puisque sa première femme, épousée par contrat lorsqu'elle avait 7 ans, Mathilde (fille de l'Empereur Conrad II le Salique), est décédée très jeune, sans avoir jamais rencontré son mari. Henri 1er est donc obligé de se marier à nouveau, et c'est encore une Mathilde qu'on lui fait épouser, toujours en vue d'une alliance avec l'Empire. Nouvel échec, la jeune femme meurt sans avoir eu le temps de lui donner un enfant. Henri 1er, sans descendance, se tourne alors vers Iaroslav le Sage, Tsar des Rous de Kiev et celui-ci lui donne la main de sa fille. Anne de Kiev (née vers 1030) épouse, en mai 1051, Henri roi des Francs, 43 ans ;  elle lui donnera 4 enfants, dont, en mai 1052, celui qui héritera du royaume à la mort de son père, Philippe 1er, un prénom jusqu'alors inusité pour un roi de France. Pendant la majeure partie de son règne, Philippe entrera en lutte avec un rival dangereux : Guillaume le Conquérant , duc de Normandie, puis roi d'Angleterre... personnage fascinant sur lequel s'est penché notre chroniqueur Michel Kerjean en présentant la biographie Guillaume Le Conquérant de David Bates.  Précisons qu'il existe deux statues d'Anne de Kiev à Senlis, ville où elle avait fondé l'abbaye Saint-Vincent et qui est jumelée avec la capitale de l'Ukraine. On peut lire sa biographie dans l'ouvrage de Jacqueline Dauxois Anne de Kiev reine de France, éditions Presses de la Renaissance.  

Un film ? Ou plus exactement un documentaire intitulé "MAÏDAN", décrit ici par notre chroniqueuse cinéma, Dominique Poncet : "Pour mieux comprendre la résistance farouche que la population ukrainienne oppose en ce moment à la tentative d’envahissement de son pays par la Russie de Poutine… Ce documentaire est sorti en 2014, réalisé par le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa. Il relate les tragiques  manifestations qui se déroulèrent de novembre 2013 à février 2014, sur la place centrale de Kiev, la place de l’Indépendance appelée Maïdan — qui a donné son titre à ce film. Des manifestations pro-européennes et nationalistes (déjà !) où, souvent enveloppés dans le drapeau jaune et bleu de l’Ukraine, les participants, chaque jour plus nombreux et plus déterminés, galvanisés aussi par les orateurs politiques et religieux  qui se succédaient à la tribune dressée au centre de la place, demandaient la démission du président Ianoukovytch et celle de ses sbires, inféodés à la Russie. Des manifestations qui, devant la violence de leur répression par la police, tournèrent souvent à l’émeute, faisant des morts et des blessés par dizaines, sans pour autant arrêter le détermination dénonciatrice de leurs participants.  Ce documentaire qui témoigne du cran et de la détermination d’un peuple refusant sa soumission à une autorité étrangère est édifiant, terrible aussi. Son auteur n’a pas cherché à en adoucir  le contenu par de la musique ou un commentaire explicatif. Il livre ses images telles qu’ils les a tournées, en plan fixe, dans leur longueur et  sans montage. Elles peuvent donc, pour certaines, surtout celles du début, manquer de lisibilité, pour d’autres, finir par générer de l’ennui. Et pourtant, au fil de son déroulement, l’intérêt pour Maïdan (formidablement bien cadré) grandit. Revoir aujourd’hui ce documentaire (disponible en DVD) sur cette crise ukrainienne qui aboutit, le 21 février 2014, à la fuite du président Ianoukovytch en …Russie, reste précieux.