Chronique festivalière du 30 juillet
Bonjour à tous,
Ca y est le festival brûle de ses derniers feux, voici l'avant dernière chronique de ce festival si riche en découvertes de spectacles, d'artistes, de formes nouvelles.
Demain sera l'heure des remerciements et des rendez-vous pour bientôt pour une rentrée théâtrale riche.
Bonne lecture
Jean-Pierre Hané
POULE MOUILLEE – de Gustavo Aurojo
Conditions des soies – 10H – relâches 11,18,25 juillet
Mise en scène : Elisa Falconi
Avec : Cindy Bossan, Elisa Falconi, Gustavo Araujo, Noé Pflieger
Marco, jeune garçon de 10 ans, vient de tourner une pub à la télé pour un bouillon de volaille. Il est la risée de tous les élèves de l’école qui le surnomme « poule mouillée ».
Il est passionné de rap et se réfugie dans l’univers de ses mots dont il jongle et qui le réconforte. A l’occasion d’un épisode de harcèlement par d’autres enfants dont il est la tête de turc, il va éprouver son courage et retrouver confiance en lui.
POINTS FORTS
Un sujet traité avec délicatesse et pudeur.
Une scénographie ludique et ingénieuse.
Une petite leçon de vie et de respect.
POINTS FAIBLES
Pas le moindre en vue
ENCORE UN MOT
Voilà le sujet du harcèlement scolaire traité avec sensibilité et une grande intelligence. Il nous emporte bien loin de tout pathos et de misérabilisme militant. Un spectacle mis à la portée d’un jeune public qui l’emmène à réfléchir sur le regard porté aux autres et les dangers de l’effet de meute. En assumant bien haut et fort que nous sommes tous des « poules mouillées » à un moment ou à un autre et que la force de la dissuasion est contenue dans une parole libérée, dénuée de toute culpabilité, l’équipe de ce spectacle touche dans le mille avec un public mobilisé. Un conte où le fantastique et la force de l’imaginaire sont expliqués comme étant des sas de saluts bienfaisants dans lesquels on peut se réfugier mais que chacun porte en soir la force nécessaire pour l’exprimer.
Le petit avis lancé en fin de spectacle par les membres de la troupe résume parfaitement l’engagement du théâtre dans les enjeux de société. Il y a des spectacles nécessaires, celui-là en est un. Merci et bravo !
ODYSSEE 2020 – de Baptiste Amann, Célia Houdart, Mariette Navarro, Yann Verburgh
Théâtre du train Bleu – 12H15 – relâches 14,21 juillet
Mise en scène : Noémie Rosenblatt
Avec : Céline Dupuis, Jeanne lazar, Maxime Le Gall
Inspiré de l’Odyssée d’Homère, Ulysse jeune adolescent arrive en retard au collège. Il est sommé de s’expliquer auprès de la CPE à propos de celui-ci. Alors Ulysse va raconter ce qui lui est arrivé… Tout est en miroir pour lui et ses aventures sont les mêmes que le héros de l’épopée transposées dans son univers quotidien. On y retrouve Cyclope, Circé, Héra, Neptune…
POINTS FORTS
Tout visuellement nous rappelle l’univers simplifié du lycée dans son matériel spartiate et fonctionnel mais par l’effet de sa manipulation il nous invite au voyage.
La mise en scène et la direction d’acteur épousent et mettent en valeur les métamorphoses des comédiens dans ce qu’ils ont de meilleur.
POINTS FAIBLES
Quand la traversée est bonne … rien à l’horizon pour la gâcher
ENCORE UN MOT
Très agréable surprise que ce triptyque de pièces courtes qui met en scène les problématiques des adolescents d’aujourd’hui dans un contexte fantasmé sur les récits de l’Odyssée. L’équipe met à jour, dans une interprétation facétieuse et pudique à la fois, les questionnements, les doutes qui assaillent nos collégiens. Le monde des ados fait face à celui des adultes et réclame des comptes. Pour avancer ils ont besoin de mots, de vérité, de confiance. C’est une ode à une jeunesse courageuse, riche d’émotions, tenace.
La transposition avec l’univers de l’Odyssée est habile dans ses parallèles et inventive dans ses situations. Contruit comme un jeu de société où il nous faudrait reconnaître qui est qui. C’est un spectacle plein de santé, d’énergie positive, un message d’espoir qu’il fait bon voir.
GUTENTAG MADAME MERKEL – d’Anna Fournier
Théâtre du train Bleu – 16H25 – relâches 14,21 juillet
Mise en scène et jeu : Anna Fournier
C’est l’histoire d’Angela Merkel, chancelière d’Allemagne, à laquelle personne ne croyait et qui tutoyant les étoiles tutoiera les personnages les plus puissants du monde. De la chute de Berlin jusqu’à son départ de la vie politique, nous allons suivre les pas de cette femme de pouvoir. Intimité et politique savent -ils faire bon ménage ?
UN MOT
Rien ne sert de parler de points forts et de points faibles tant l’interprétation et l’écriture de ce spectacle ne laisse pas de surprendre, de faire rire. Le sujet est satirique souvent mais toujours bienveillant. On y découvre une Angela Merkel plus intime, « mère du peuple » au caractère trempé, tenant tête à un aéropage masculin de chefs d’états bien pourvu de testostérone à qui il tient tête avec force et charisme. Anna Fournier s’amuse dans ce rôle qu’elle compose à merveille et nous transmet à la fois cette solitude du coureur de fonds qu’est la place de l’animal politique au haut de l’échelle mais également cette conviction d’agir au nom du peuple. On ne gouverne pas qu’avec ce qui nous plaît à nous individus mais on gouverne pour le bien être d’une société, d’un peuple. L’an dernier nous avions eu le droit au Train Bleu à une vie de Jacques Chirac passé au crible de l’intime qui avait ravi le public. La mode est au biopic des grands de ce monde. Même si, peut-être, la vision proposée est idéalisée on pardonne au conte pour apprécier la performance de cette « madame Merkel » avec les compliments d’usage.