Chroniques festivalières

Chronique festivalière du 13 juillet

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​​​​​​​Le festival bat son plein et le talent frappe souvent aux portes des théâtres, poussez les portes soyez curieux. Bon festival !

 

  • LES QUATRE LOUPS d’Alain Gaussel (les jours pairs)

Isle 80 – 10H30 – relâches 12 et 16 juillet

Mise en s cène : Collectif

Avec : Lucie Lalauze

Promenez-vous dans les bois !
Un enfant s’aventure dans la forêt et tombe nez à nez avec des loups. Faut-il les craindre ? Le loup fait -il vraiment peur ?
Ce conte bénéficie d’une très jolie scénographie entre figurines de papier et pages illustrées.
Abordable pour des petits et tout petits, il plonge le jeune spectateur devant sa peur mythique du loup et le démystifie avec douceur et finesse.
De quoi initier nos jeunes spectateurs à des spectacles de qualité.

 

  • LE RETOUR DE RICHARD 3 PAR LE TRAIN DE 9H24 - de Gilles Dyrek

Roi René – 12H10 – relâches les 11,18,25 juillet

Mise en scène : Eric Bu

Avec : Hervé Dubourjal, Isabelle De Botton, Camille Bardery, Lauriane Escarffre, Benjaman Alazraki, Jean-Gilles Barbier, Amandine Barbotte,Gilles Dyrek

Aller simple pour rire !
Pierre-Henri est très malade et il a convié toute famille pour un séjour dans sa propriété pour régler une dernière fois tous les différents qui les a éloignés d’aux et partir en paix.
Mais ce n’est pas une famille ordinaire et les révélations vont percuter le spectateur entre le vrai et faux et donner un tour inattendu à ce qu’en espérait Pierre-Henri

POINTS FORTS
Une mise en scène, alerte, ingénieuse
Une interprétation 5 étoiles
Une écriture intelligente et facétieuse
Un vrai coup de cœur 

POINTS FAIBLES
Non 

ENCORE UN MOT

JUBILATOIRE ! C’est un cri d’enthousiasme que l’on pousse à la sortie de ce spectacle. Gilles Dyrek a concocté un texte à rebondissements permanents. Il met en abîme le théâtre, la famille (grand lieu de spectacle permanent) où les rôles de chacun se télescopent entre réalité et fiction. On ne peut rien déflorer de l’intrigue mais quelle ingéniosité et quel machiavélisme se cachent dans ses dialogues et ses situations qui s’enchaînent. La galerie de portraits dressés et magnifiquement composés par chacun des comédiens vous arrache rires et larmes avec autant d’aisance. La mise en scène de #ericbu est tout simplement remarquable, de la scénographie colorée et astucieuse à la direction d’acteurs.

Cela tient tout à la fois de la comédie, du cartoon par sa rythmique et du drame sensible.

On sent dans ce spectacle une belle symbiose des comédiens sur le plateau et leur plaisir de jouer est communicatif, que c’est agréable !

Une comédie promise pour l’été à un bel avenir. Allez vite vous ranger sur les rangs des spectateurs, il n’y aura bientôt plus de places.

 

  • JOURS SANS FAIM (reprise) de Delphine de Vigan – adapté par Violaine Brébion

3 soleils – 14H50 – relâches les 12,19,26 juillet

Mise en scène Xavier Clion

Avec Violaine Brebion, Xavier Clion

Le difficile et courageux parcours de cette jeune femme anorexique qui se trouve confronté un matin à ce choix : « mourir ou vivre ». Il va falloir comprendre, se battre, se dompter et s’apprivoiser, apprendre à faire confiance à son médecin. Composer avec ses peurs, ses petites lâchetés, ces victoires grammes à grammes conquises.
Violaine Brébion interprète avec grâce ce personnage fragile mais déterminé, pétrie d’angoisse et de volonté pour faire le choix de la vie quel que soit le chemin.
Un spectacle mais aussi un témoignage émouvant teinté de sourire à la vie.
Sans ostentation, ni pathos la comédienne retranscrit la parole de ces jeunes femmes en souffrance avec dignité et pudeur.
Comme le dit si bien le poète s’il voulait accompagner ces statues brisées de l’intérieur « Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble »
Allez partager cette expérience sensible sur un sujet souvent mal compris.

 

  • UN CERTAIN PENCHANT POUR LA CRUAUTE – Muriel Gaudin

Scala Provence – 13H05 – relâches les 11,18,25

Mise en scène : Pierre Notte

Avec : Fleur Fitoussi, Muriel Gaudin, Benoit Giros, Antoine Kobi, Emmanuelle Mire, Clement Walkerviry

Elsa est une femme épanouie entourée d’une famille aimante, avec un bon travail, une vie équilibrée en somme. Alors dans ce bonheur, la nécessité de le partager et d’offrir un foyer provisoire à un jeune mineur isolé venu d’Afrique lui semble naturel. Tout le monde est d’accord mais c’est une intégration réussie, trop peut-être aux yeux de certains… La bonne conscience à portée de mains…certes… mais point trop n’en faut.

POINTS FORTS
Un texte incisif au scalpel
Une interprétation colorée, nuancée, jubilatoire
Une mise en scène ingénieuse et subtile 

POINTS FAIBLES
Toujours pas trouvé 

ENCORE UN MOT
Que d’enthousiasme à partager autour de ce spectacle irrévérencieux, insolent, truculent. Muriel Gaudin fait feu de tout bois sur les préjugés et les conventions d’une société bien-pensante au service d’autrui. La cruauté du propos se diffuse doucement et on réagit souvent aux propos échangés comme à des paroles tenues légèrement ou inconséquemment dans notre entourage. La galerie de personnage que #pierrenotte fait évoluer sous nos yeux, accompagnée en direct par un musicien, véritable condensé de petites lâchetés humaines se débat sous nos yeux dans ses contradictions. Tout est réglé comme un ballet millimétré où par un jeu de changement de costumes, le temps s’égrène.
Il est question d’amour, de respect, d’honnêteté sur une société qui souffre de s’enfermer dans ses égoïsmes de confort quand tout autour de nous un regard, un geste de solidarité ne coûterait ne serait-ce qu’un sourire. Vivre ensemble est-ce un défi ou juste un changement de paradigme dans notre société ? En tout cas c’est une comédie cinglante et rafraîchissante qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. Solidairement vôtre !

 

  • MADAME MING – d’après #ericemmanuelschmidt

Théâtre Actuel – 15H30 – relâches les 11,18,25

Mise en scène : Xavier Lemaire

Avec : Isabelle Andreani, Benjam Inegner, Pascale Blaison, Ilsa Moatti

« Cabinet » de curiosités

Madame Ming est dame-pipi dans un hôtel de luxe de Yunaï, en Chine et c’est que son chemin croise celui d’un homme d’affaires polyglotte. Il se sert de ce lieu d’aisance comme échappatoire pendant ses rendez-vous d’affaires et l’amitié qu’il noue avec cette femme va se révéler plein de surprise. Au cours d’une de leur conversation, elle lui avoue être mère de dix enfants - chose totalement prohibée en Chine. Mais dit-elle la vérité ? A travers le récit de cette femme autour de sa famille et des aphorismes qu’elle débite à tout propos, il va se retrouver à se questionner sur sa propre vie et sa conception du couple.

POINTS FORTS
La qualité d’écriture d’Eric-Emmanuel Schmidt n’est plus à faire
Une très belle histoire sensible, tendre et drôle
Isabelle Andréani est merveilleuse d’humanité
Benjamin Egner est rayonnant d’une juvénilité inconséquente dans ses rapports amoureux
Une scénographie astucieuse dans laquelle la marionnette a la part belle… 

POINTS FAIBLES
Une musique un peu trop présente bien que magnifiquement interprétée qui souligne ou illustre parfois un peu trop le propos. 

ENCORE UN MOT
Nous voici plongés dans un bain de tendresse et de poésie extrême orientale sous la houlette d’un #xavierlemaire délicat et sensible dans sa direction d’acteurs. Garder ses secrets, se donner un monde à vivre quand sa réalité se trouve limitée, c’est peut-être le secret du bonheur que ce conte moderne nous incite à penser. Si l’adaptation reste un peu trop littéraire – quelque fois bavarde – la mise en scène rythmée alterne entre la dolence tranquille d’une femme apaisée malgré son quotidien et la frénésie d’un appétit de vivre d’un homme au carrefour de sa vie. Il est toujours merveilleux de pouvoir conter des histoires dans un monde où le virtuel déborde nos vies. Ici c’est la vie qui déborde du plateau de théâtre servie par une distribution de qualité. « Rêver, puisque rêver vous plait » On peut monter son petit mur de bonheur, briques à briques chaque jour sans autre ciment que celui du cœur. Partager un moment de douceur entre amis et bon voyage au pays du soleil levant.

 

  • L’INVENTION DE NOS VIES – d’après Karine Tuil

Théâtre Actuel – 17H30 – relâches les 11,18,25

Mise en scène : Johanna Boyé

Avec : Valentin de Carbonnieres, Mathieu Alexandre, Yannis Baraban, Nassima Benchicou, Brigitte Guedj, Kevin Rouxel, Elisabeth Ventura

Sam est un grand avocat new-yorkais à la carrière et la réussite sociale éblouissante, tout lui réussit. Mais Sam a un secret très lourd à porter sur lequel il a construit sa vie et qu’il a jusqu’à présent réussit à préserver. Tout allait si bien jusqu’à ce que le rideau de sa vie se déchire. Sur qui pourra t’il compter désormais.

POINTS FORTS
Un Valentin de Carbonnières éblouissant
Une mise en scène au cordeau, efficace,
Une intrigue palpitante
Une troupe talentueuse 

POINTS FAIBLES
Une écriture qui repose parfois questions sur quelques clichés identitaires qu’on aurait souhaité plus subtile. 

ENCORE UN MOT
Construite comme un thriller dans une mise en scène extrêmement rythmée au découpage quasi cinématographique, nous voilà embarqués dès l’ouverture dans un tourbillon mené de main de maître par Valentin de Carbonnières. Le poids du secret, du mensonge, et la descente aux enfers du héros est orchestrée avec talent par Johanna Boyé qui signe une très belle direction d’acteurs. Lâcheté, égoïsme, amitié, jalousie mais aussi passion d’amour, un cocktail explosif va vous secouer dans vos fauteuils. Chaque personnage est étudié avec soin et donne une unité vivifiante à l’interprétation, on ne voit pas le temps passer.