3 QUESTIONS AU CHOREGRAPHE JULIEN LESTEL : LA DANSE A LA PORTEE DE TOUS
De formation classique, Julien Lestel a étudié à l'Ecole de Danse du Ballet de l’Opéra national de Paris et au Conservatoire National Supérieur de Paris. Puis, il a intégré les Ballets de Monte-Carlo, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet de Zürich et le Ballet National de Marseille. Son spectacle Rodin et d'autres ballets vont partir en tournée très prochainement et à cette occasion, pour notre site, il a bien voulu répondre aux questions de notre chroniqueuse experte en ballets Callysta Croizer :
Q. Vous collaborez avec les plus grands chorégraphes ( Noureev, Forsythe, Preljocaj, Bausch, Malandain…). Comment avez-vous forgé votre identité d’artiste danseur-chorégraphe ?
R. J’ai eu la chance, quand j’étais danseur, de travailler avec ces grands noms de la chorégraphie et de participer à leurs créations. Il s’agit de rentrer dans l’intime des chorégraphes, essayer de retranscrire par des mouvements leur désir d’une émotion, leur dynamique. J’ai pu observer leur manière de travailler (leur processus de création, leur approche du mouvement) et m’en suis inspiré quand, à mon tour, j’ai commencé à créer des pièces. Donc je suis arrivé avec « un bagage », comme un socle, quelque chose de rassurant. Rapidement j’ai su où et comment me trouver. J’aime suggérer les choses, travailler avec le souffle, la respiration. Epurer au maximum pour faire ressortir le mouvement. Les réponses des interprètes avec lesquels je travaillais étaient très positives, mais aussi productives, car ils étaient eux-mêmes créateurs à partir de mes propositions.
Q. En 2007, vous créez le Ballet Julien Lestel : 11 danseurs autour d’un répertoire d’une vingtaine de chorégraphies. Avec une volonté de mettre la danse à la portée de tous: répétitions publiques, temps d’échange avec les spectateurs, actions de sensibilisation en milieu scolaire et hospitalier. Quelle place ces expériences tiennent-elles dans votre travail de chorégraphe aujourd’hui ?
R. Pour moi, il est très important de mettre la danse à la portée de tous, qu’elle ne soit pas réservée à un public connaisseur. C’est pour cela que j’organise souvent des bords de scène (un échange avec le public à l’issue de la représentation pour discuter de ce qu’ils ont vu). C’est enrichissant car la danse est un langage de mouvement, sans parole. Dans mes chorégraphies, j’essaie d’exprimer des émotions et je me demande comment elles vont être ressenties par le public. Lui aussi a mille questions sur ce que j’ai voulu dire. Souvent, ce sont des gens qui ne connaissent pas la danse, qui viennent voir les spectacles parce qu’ils ont entendu parler de la compagnie ou qu’ils sont invités par quelqu’un. Sans être moins riches, mes chorégraphies sont accessibles. Donc, quelqu’un qui n’a jamais vu de danse de sa vie, qui pensait même ne pas aimer la danse ni pouvoir être ému par du mouvement, se retrouve piégé par ses propres émotions. Il y a de très beaux témoignages. J’aime aussi aller dans les écoles, rencontrer des publics en difficulté. Les personnes touchées par le handicap me plongent dans leur propre univers, me font découvrir des lieux de l’indicible, et je m’en ressers ensuite dans mes chorégraphies.
Q. Pendant le « confinement », vous avez réalisé une web série de neuf chorégraphies dans le musée Rodin (Paris), sculpteur qui s’est particulièrement intéressé à la figuration du geste, du rythme, de l’élan du mouvement. Au-delà de la précision anatomique, Rodin cherche à restituer l’authenticité des corps, leur capacité d’expression des sentiments. Comment, en tant que chorégraphe, avez-vous transposé cette réflexion dans votre travail sur des corps vivants ?
R. Le temps de quelques jours, les sculptures semblaient n’être là que pour nous, avec l'’impression qu’elles formaient une multitude de personnes en mouvement. Rodin a ce génie de réussir à animer les corps statiques, à donner l’impression de les voir tournoyer, se déplacer… J’ai essayé de retraduire cela en gestuelle. Ce n’était pas très difficile, car lorsqu’on est chorégraphe, on a envie de faire du mouvement. Le plus compliqué, c’était de rendre la tension fibreuse, musculaire et les positions parfois tordues des sculptures. J’ai essayé de retranscrire cela avec des positions parfois disloquées, en travaillant les parties du corps séparément, parfois en les cachant. Je ne voulais pas tomber dans le démonstratif, à l’opposé des sculptures de Rodin qui d’emblée semblent très naturelles. Au fil du spectacle, on découvre ses œuvres emblématiques (L’Homme d’airain, Le Baiser, La femme accroupie, La Danaïde) et même ce que le sculpteur a voulu dire en les façonnant. Mais j’ai aussi voulu équilibrer la chorégraphie avec des pièces plus délicates et mystérieuses, comme Les amants, qui représentent deux mains dont seuls les pouces se touchent. Avec les danseurs, nous avons fait beaucoup de recherches et à partir de l’histoire de Rodin, j’ai construit ma propre narration.
Prochaines dates du spectacle Rodin :
22 NOVEMBRE 2022 - 20H30 SALON-DE-PROVENCE Théâtre Municipal Armand
01 DÉCEMBRE 2022 - 20H MARSEILLE Opéra
09 FÉVRIER 2023 - 20H PARIS
11 FÉVRIER 2023 - 20H30 LILLE Casino Barrière
12 FÉVRIER 2023 - 16H ENGHIEN-LES-BAINS Casino Barrière
26 MAI 2023 - 21H SAINT-MAXIMIN La Croisée des Arts
24 ET 25 NOVEMBRE 2023 - VEDENE Théâtre de L’Autre Scène
JANVIER 2024 - CANNES Palais des Festivals
Autres spectacles du Ballet Julien Lestel :
18 NOVEMBRE 2022 - 20H MISATANGO – MOSAÏQUES – BOLERO- ROISSY-EN-FRANCE Centre Culturel L’Orangerie
28 JANVIER 2023 - 20H30 LIBRE BORDEAUX Casino Barrière
25 MARS 2023 - 20H30 LIBRE LES ULIS Espace Culturel Boris Vian
07 AVRIL 2023 - 21H DREAM SAINT-GAUDENS Théâtre Jean Marmignon
23 AVRIL 2023 - 17H LIBRE TOULOUSE Casino Barrière
28 AVRIL 2023 - 20H30 DREAM MONTELIMAR Théâtre Communautaire Emile Loubet ROISSY-EN-FRANCE Centre Culturel L’Orangerie