Le Refuge
Parution le 4 avril 2024
240 pages
20 €
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Thème
Nombreux sont les thèmes forts qui habitent ce récit surprenant et captivant. Aussi n'est-il pas étonnant que ce roman ait obtenu le Prix France Québec 2023. La solitude, le sens de la vie, l'amour de la nature, les difficultées rencontrées par un couple, sans oublier le vieux fonds chrétien du Québec qui se caractérise par la lutte entre le bien et le mal et le thème puissant de la culpabilité, tous ces thèmes forment la trame d'un récit mené tambour battant.
Bernanos, Julien Green, René Girard, Marie-Claire Blais, Maurice Lebel et tant d'autres auteurs catholiques ou imprégnés de catholicisme, nous rappellent qu'il existe des aventures à la fois simples et difficiles à appréhender. Ce roman dont le tempo est magnifique répond à la citation de Marguerite Yourcenar: "Qui serait insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ". Le Refuge est un récit plein de suspense : une expérience haletante.
Points forts
Le style coule de source. Il n'est pas si fréquent que cela qu'un roman contemporain célèbre à ce point l'univers littéraire, mieux même les valeurs de l'humanisme. Les citations fort bien choisies, placées en tête de chaque chapitre, nous entraînent dans cette aventure, pleine de surprises et menées avec subtilité. Le récit faussement banal du début présente certains personnages, descendants pour certains de paysans de la Nouvelle-France, se transforme au fil des pages en une aventure sans concession.
Très vite, on ne peut plus lâcher le livre tant il plonge au cœur de la nature humaine. Nous sortons de la lecture de ce livre particulièrement touché, j'allais dire transformé par ce qui arrive aux protagonistes et pourrait aussi nous arriver.
Jusqu'à la dernière page la formule de Sénèque nous interpelle: "Est-ce que je mérite ou non ce qui m'arrive ?”... Celle d'André Malraux revient aussi nous saisir: " Le sacrifice est le seul domaine aussi fort que celui du mal.”
Quelques réserves
Ce récit passionnant nous permet de constater l'embourgeoisement et la faible ambition d'une partie des nouvelles élites de ce peuple qui a eu un passé parfois difficile, à présent surmonté, non sans courage. Après avoir lu ce roman, que penser de la trajectoire des descendants des héros de la Nouvelle France en citoyens un peu désabusés du nouveau Québec ?
Mine de rien Alain Beaulieu s'interroge. Les lecteurs attentifs aussi.
Encore un mot...
La France aurait dû réaliser depuis longtemps l'apport de nos cousins québécois. Après Alain Grandbois, l'homme du renouveau littéraire qui annonce Gaston Miron et tous ceux qui ont compris sa démarche, Alain Beaulieu nous permet de revisiter un pays qui, comme beaucoup d'autres, se trouve à l'orée des chemins.
L'art du romancier est efficace, original, en ayant eu l'idée de donner la parole aussi bien à l'homme qu'à la femme à Antoine comme à Marie. D'où une force particulière du récit qui offre des points de vue très pertinents.
Ce roman mérite d'être lu par un très large public. Il est vraiment captivant.
Une phrase
"Marie Broussilovski, femme de conviction aux valeurs humanistes bien ancrées dans son parcours de vie, devenait complice d'un meurtrier. Et déjà, j'avais la conviction que mon mari, aux apparences dures mais en réalité hypersensible, ne s'en remettrait pas ". (P. 43 )
L'auteur
Alain Beaulieu, né en 1962 à Québec (Canada), est écrivain, enseignant, chercheur dans le domaine de la création littéraire à l'université Laval à Québec et directeur de la Collection Alinéa aux éditions Druide. Il a déjà écrit de nombreux romans dont plusieurs ont été cités pour des prix littéraires, notamment Le postier Passila ( Actes Sud, 2010).
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