Léon Monet, Frère de l’artiste et collectionneur
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Thème
Le Musée du Luxembourg a eu l’idée de mettre en valeur la personnalité du frère aîné du célèbre peintre Claude Monet : Léon Monet (1836-1917), chimiste, industriel et collectionneur.
Par un biais original, l’un des initiateurs de l’impressionnisme est-il ainsi replacé dans son contexte familial à travers l’histoire des Monet, industriels bourgeois havrais puis rouennais, du milieu du XIXème siècle à sa fin.
Deux axes orientent l’exposition : le premier tourne autour de Léon Monet, industriel et homme d’affaires cossu qui dirige, dans les environs de Rouen, vers 1860, la seule filiale française d’une entreprise suisse de produits chimiques et colorants. Le second se focalise sur Léon, premier mécène de son frère cadet, et collectionneur de ses premières toiles tout comme de celles de cette nouvelle avant-garde connue sous le nom d’impressionnisme.
Points forts
Ce qui est intéressant dans ce parcours est de comprendre la centralité d’une ville comme Rouen comme emblème du nouvel essor industriel du XIXème siècle, particulièrement celui de l’industrie chimique, des pigments synthétiques et de leur commercialisation pour la teinture et le textile. Léon Monet se révèle un homme avisé qui sait faire prospérer son affaire.
Mais il est aussi, et là réside le côté émouvant de l’exposition, le promoteur du travail de son frère Claude, dont il décèle très tôt le talent, ainsi qu’en témoignent ses premiers croquis de collégien, caricatures des bourgeois havrais.
La relation des deux frères s’avère forte durant de nombreuses années ainsi qu’en témoignent les nombreuses villégiatures de Claude en Normandie et ses toiles paysagistes (l’on remarquera son désintérêt marqué pour les paysages industriels à la différence de Pissarro) conservées par son frère Léon. Mais elle se délitera après une brouille familiale. Le remarquable portrait par Claude de Léon demeure un touchant témoignage de leur lien fraternel même si ce tableau offert en cadeau à son aîné, et qui représente un Bourgeois au teint fleuri, n’aura pas l’heur de lui plaire.
Léon, collectionneur dans l’âme, tient non seulement à promouvoir le travail de son frère, mais aussi celui de ses amis et contemporains, Pissarro, Renoir, Sisley, Morisot, à travers des expositions organisées par la ville de Rouen grâce à son soutien ou par le biais d’achats en vente publique, comme celle tenue à l’Hôtel Drouot en 1875 où il talonne le célèbre marchand d’art Paul Durand-Ruel.
Sa collection d’estampes japonaises dans la vogue du japonisme triomphant de son temps, et dont l’exposition nous offre quelques exemples, cristallise mieux que tout la personnalité de Léon, marchand de couleurs synthétiques (et notamment de l’aniline utilisée dans les estampes sur papier crépon).
Quelques réserves
En voulant rattacher Léon à la tradition des industriels mécènes et collectionneurs, la démonstration est faible à travers les quelques toiles mineures exposées au Musée du Luxembourg, reconnaissables sous la mention d’ancienne collection Léon Monet et aujourd’hui dispersées dans des collections privées.
De même, l’on reste sur sa faim sans qu’il soit prouvé ce qui fait le prétexte de cette exposition, certes séduisant, à savoir si Claude Monet qui utilisa des pigments synthétiques (comme le donne à voir Camille ou La Femme à la robe verte par l’utilisation du vert Véronèse, du vert émeraude et du vert de chrome et qui sera favorablement accueilli au Salon de 1866) et conférant à ses toiles des tons vifs, a eu recours à ceux commercialisés par son frère Léon. Personne aujourd’hui ne peut trancher sur le sujet.
Encore un mot...
Pour conclure sur la couleur, sujet phare de cette exposition, la dernière salle nous présente l’un des multiples paysages de nymphéas exécuté entre 1918 et 1922 de la fin de l’existence de l’artiste alors installé depuis de nombreuses années à Giverny, où une cataracte bilatérale ne lui fait plus percevoir ses pigments qu’en termes de lumière et de mouvement. Ainsi dans les années 20, Claude Monet frayait déjà avec l’abstraction.
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