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  • Toutes les couleurs du monde de Babatunde Apalowo. Avec Tope Tedela, Riyo David, Martha Ehinome Orhiere…

 Lagos, Nigeria. Bambino (Tope Tedela) travaille comme chauffeur-livreur. Son quotidien se retrouve bouleversé le jour où il rencontre le charismatique Bawa (Riyo David). Sans arriver à se l’expliquer, ce dernier provoque des sentiments confus en lui…

C’est un fait à peine croyable. Au Nigeria, être queer (gay, lesbienne, trans ou bisexuelle) est passible d’emprisonnement. Autant dire que Toutes les couleurs du monde a une portée éminemment politique. Si le film perd parfois en intensité, il séduit néanmoins par la sobriété de sa mise en scène, sans fioritures. Mention spéciale aux deux comédiens Tope Tedela et Riyo David dont l’alchimie tient de l’évidence.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Comme un lundi de Ryo Takebayashi- Avec Wan Marui, Makita Sports, Yûgo Mikawa…

Votre boss vous harcèle? Vos collègues vous épuisent? Vous ne voulez plus retourner au bureau?  Ce n’est rien à côté  de ce que traversent Yoshikawa et ses collègues dans l’agence de pub  japonaise qui les emploie. Car en plus des galères communes aux salariés du monde entier, eux, sont piégés dans une boucle temporelle, qui recommence chaque lundi, ce qui donne à leurs  tâches une tonalité encore plus répétitive. Comment sortir de cette spirale infernale?

 Premier long métrage du jeune réalisateur japonais Ryo Takebayashi, Comme un lundi est une comédie dramatique à la fois barrée, ironique et critique sur le monde du travail. Ce n’est pas le premier film à exploiter ce filon de l’absurde du boulot de bureau (on  peut notamment se souvenir d’Un jour sans fin d’Harold Ramis en 1993) mais celui-là, qui se passe au Japon, est particulièrement réussi, grâce à des dialogues férocement drôles, un montage ultra-rythmé et une distribution « aux petits oignons ». Hilarant!

Recommandation : 3 coeurs 

Dominique Poncet

 

  • Un jour fille de Jean-Claude Monod- Avec Marie Toscan du Plantier, Yannick Rénier, Isild Le Besco, André Marcon…

Au XVIIIème siècle, Anne Grandjean (Marie Toscan) grandit fille mais cache un secret puisqu’elle est née hermaphrodite. Tentant de dissimuler cette particularité en prenant l’habit masculin puis en épousant la belle Mathilde Roussin (Iris Bry), Anne va néanmoins voir son passé la rattraper…

Connu pour ses courts et moyens-métrages, Jean-Claude Monod réalise son premier long-métrage avec Un jour fille, dans lequel il est question de l’histoire vraie et méconnue d’Anne Grandjean, hermaphrodite né.e en 1732, trainé.e devant les tribunaux et poursuivi.e pour « profanation des liens sacrés du mariage ». Si le récit est passionnant et rentre en résonance avec la théorie des genres éminemment contemporaine, il faut toutefois souligner le trop grand académisme de la mise en scène et la reconstitution assez poussiéreuse de ce film d’époque qui manque de singularité. Reste la performance assez incroyable de la révélation Marie Toscan.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • La vie selon Ann de Joanna Arnow- Avec Joanna Arnow, Scott Cohen, Babak Tafti…

Ann est une trentenaire new-yorkaise. Coincée entre des parents « vieux jeu » et un boulot qui ne la passionne guère, elle passe son temps libre  en compagnie d’hommes, trouvés sur Internet, avec lesquels elle entretient des relations de soumission…

Depuis ses débuts de cinéaste, Joanna Arnow aime à faire des films (jusqu’à présent, des documentaires et des courts métrages) basés sur sa vie personnelle.  Pour, dit-elle, « raconter des histoires authentiques » dont elle espère qu’elles paraîtront plus vraies et plus réalistes à leurs spectateurs. Après, entre autres, I hate myself, un documentaire sur la liaison qu’elle eut avec un poète provocateur raciste, la réalisatrice britannique - basée désormais à Brooklyn - choisit de parler de sa vie sexuelle de femme soumise. Elle le fait avec un naturel surprenant, sans fard (c’est elle qui joue le rôle d’Ann), mais sans aucune vulgarité, et  dans une mise en scène simplissime. Le ton de son récit, divisé en courts chapitres, est doux et respectueux, parfois même drôle dans certaines séquences, loin des idées reçues et des stéréotypes de cette pratique sexuelle. Une curiosité déroutante mais  bien assumée

Recommandation: 3 coeurs

Dominique Poncet

 

  • La mémoire éternelle de Maite Alberdi- Documentaire.

Augusto Góngora est un célèbre journaliste chilien et un grand chroniqueur des crimes du régime Pinochet. Il y a quelques années, on lui a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer. Une terrible épreuve pour celui qui forme un couple solide avec l’actrice et politicienne Paulina Urrutia, depuis plus de vingt ans…

 Voici certainement l’un des films les plus beaux et émouvants de cette première partie d’année cinématographique. Grand Prix du Jury lors du dernier festival de Sundance, La Mémoire Éternelle a été nommé lors de la dernière cérémonie des Oscars dans la catégorie Meilleur documentaire. S’il n’a pas remporté la précieuse statuette, le film de Maite Alberdi reste néanmoins le récit d’une magnifique histoire d’amour. Inoubliable.

Recommandation : 4 cœurs

Antoine Le Fur 

 

  • Un homme en fuite de Baptiste Debraux- Avec Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin…

Rochebrune est en ébullition. Johnny (Pierre Lottin), leader du mouvement de protestation de cette ville minière des Ardennes, a disparu après avoir braqué un fourgon. Il est “ l’homme en fuite ” du titre du film. Lorsque l’écrivain Paul Ligre (Bastien Bouillon) apprend la nouvelle, il quitte précipitamment Paris  pour se rendre dans sa ville natale afin de retrouver, avant la police, son ami d’enfance auquel le lie un lourd secret. La perspicacité et la ténacité de la « flic » (Léa Drucker) chargée de l’enquête vont lui donner du fil à retordre…

On aurait aimé pouvoir défendre ce polar social, premier film de Baptiste Debraux. Mais trop d’éléments, dont  le scénario (pourtant réaliste) et le montage, y sonnent faux. Reste l’éblouissante prestation de Pierre Lottin, dont il serait temps que la carrière décolle, à hauteur de son (immense) talent.

Recommandation:  1 cœur. 

Dominique Poncet

 

  • Jeunesse, mon amour de Léo Fontaine. Avec Manon Bresch, Matthieu Lucci, Dimitri Decaux...

Un groupe d’anciens amis de lycée se retrouvent le temps d’un barbecue. Cette réunion, en apparence insouciante, va vite révéler les tensions et les rancœurs entre les différents membres de ce groupe qui paraissaient soudés...

Il flotte un vent de liberté sur Jeunesse, mon amour, premier long-métrage de Léo Fontaine. Même si le film pêche parfois en raison de certaines maladresses (l’interprétation inégale des comédiens, un scénario qui manque d’une ligne directrice…), le spectateur se laisse tout de même embarquer par cette proposition cinématographique assez émouvante et sensible. Léo Fontaine, un nouveau cinéaste à suivre.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

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