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La nouvelle femme de Léa Todorov- Avec Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaelle Sonneville-Caby…
Paris, 1900. Lili d’Alengy (Leïla Bekhti) est une célèbre courtisane qui cache un secret : sa fille Tina est née handicapée. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui pourrait compromettre sa carrière et sa vie sociale, elle décide de se rendre à Rome afin de rencontrer une certaine Maria Montessori (Jasmine Trinca) qui a mise au point une méthode d’apprentissage révolutionnaire à l’attention des enfants alors appelés « déficients »…
Un film en costumes, une grande figure historique… On pouvait craindre que La Nouvelle femme, premier long-métrage de fiction de Léa Todorov, ne soit trop académique. Il n’en est rien. Plus que la fameuse méthode dite « Montessori », c’est surtout les deux portraits de femmes qui sont passionnants dans ce film à la fois délicat et émouvant. Le tandem Leïla Bekhti / Jasmine Trinca fonctionne à merveille, pour le plus grand bonheur du spectateur. Une réussite !
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
Scandaleusement vôtre de Thea Sharrock- Avec Olivia Colman, Jessie Buckley, Anjana Vasan…
Au début des années 20, une petite ville anglaise est secouée par un scandale : Edith, une vieille fille bigote, et vivant encore chez ses parents, reçoit des lettres d’injures anonymes, sans raison apparente. Les soupçons se portent sur Rose sa voisine, qui, il faut bien le dire, cumule les handicaps : non seulement elle est une fille- mère à l’apparence délurée et au langage de charretier, mais elle est, en plus, la compagne d’un musicien noir ! Forcément, c’est elle la coupable !…
Adaptée d’un fait divers survenu dans l’Angleterre des années 20, voici une comédie typiquement british : son charme est suranné et ses dialogues, savoureux; on s’y insulte avec un accent « so chic », et on s’y amuse comme des petits fous, surtout lorsque les personnages, répètent, sur un ton faussement scandalisé et dans des attitudes légèrement trop guindées (pour être honnêtes !), les insultes abominablement scatologiques des « poulets » anonymes, écrits évidemment à la plume ! Et puis, qui contribue grandement au bonheur du spectateur, il y a en plus l’intrigue (une enquête à suspense, qui va prendre des proportions énormes ! ) et, surtout, les interprètes, tous sensationnels, en tête desquels deux comédiennes qui respirent leur bonheur jubilatoire d’être là : l’Anglaise Olivia Colman (The Crown, la Favorite) qui campe une Edith irrésistible de drôlerie dans sa façon de s’offusquer et l’Irlandaise Jessie Buckley (Wild Rose, The Lost Daughter), qui offre à Rose une pétulance plus que réjouissante. Délicieusement loufoque…
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
Chroniques de Téhéran de Ali Asgari et Alireza Khatami- Avec Bahman Ark, Arghavan Shabani, Servin, Zabetiyan…
Un homme qui déclare la naissance de son fils à l’état civil, une jeune fille se présentant à un entretien d’embauche, un homme au chômage qui répond à une annonce… Ces scènes de la vie quotidienne seraient banales dans n’importe quel pays. Sauf qu’elles se déroulent à Téhéran…
Présenté dans la sélection Un Certain Regard lors du dernier festival de Cannes, Chroniques de Téhéran est une véritable expérience cinématographique. En seulement 1h17 et neuf séquences en plan fixe (ainsi qu’un prologue et un épilogue, particulièrement édifiants), Ali Asgari et Alireza Khatami donnent un aperçu assez précis de la société iranienne. Malgré son discours qu’on ne peut que louer, ces Chroniques de Téhéran restent assez inégales et moins percutantes que d’autres films iraniens, à l’image de ceux réalisés par Asghar Farhadi, Mohammad Rasoulof ou encore Saeed Roustayi.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
Mis Hermanos de Claudia Huaiquimilla- Avec Ivān Cáceres, Cesar Herrera, Paulina Garcia, Andrew Bargsted…
Petits délinquants, les frères Angel (17 ans), et Franco (14 ans) sont incarcérés dans une prison chilienne pour mineurs, où ils attendent le jugement de leur affaire. Malgré l’hostilité du lieu et leur dévastation d’avoir été délaissés par leur mère, ils ont réussi à se constituer une bande de copains, avec lesquels ils jouent ou se chamaillent malicieusement, quand ils ne rêvent pas à ce qu’ils feront une fois libérés. L’arrivée de Jaime, un multirécidiviste de 17 ans, va bousculer leur équilibre précaire, lorsqu’il va leur proposer une évasion par une émeute…
Inspiré des évènements tragiques qui s’étaient produits en 2007 dans la prison pour jeunes de Porto Montt située dans le Sud du Chili et qui s’étaient soldés par la mort, par asphyxie, d’une dizaine de ses jeunes détenus, ce film, très documenté, propose une plongée passionnante et bouleversante dans le quotidien des centres de détention chiliens pour mineurs. Étant donné son sujet, il pourrait être terrible à regarder, voire insoutenable. Ce n’est pas le cas. Sans édulcorer la violence inhérente à ces prisons, sa réalisatrice, Claudia Huaiquimilla réussit à nous faire éprouver de la compassion pour leurs jeunes détenus. Comment ? En nous montrant que, bien qu’ayant été élevés à la « dure » dans leur grande majorité, ces derniers sont aussi capables d’espoir, d’humour et de fraternité. Fort et bouleversant.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Diógenes De Leonardo Barbuy- Avec Gisela Yupa, Jorge Pomacanchari, Cleiner Yupa…
Au beau milieu des Andes péruviennes, Sabina (Gisela Yupa Chuchón) et Santiago (Cleiner Yupa Yupa Palomino) sont deux enfants élevés dans un isolement total par leur père, Diógenes (Jorge Pomacanchari Canchari). Un beau jour, la routine de la cellule familiale est violemment bouleversée, amenant la jeune Sabina à se confronter à son passé et à sa culture…
Il y a des films d’une beauté à couper le souffle, dont les plans se contemplent comme des photographies. On pourrait rester des heures devant, à scruter le moindre détail. Diógenes, premier long-métrage du cinéaste péruvien Leonardo Barbuy La Torre, appartient à cette catégorie de longs-métrages, il faut bien le dire, assez rares. Contemplatif, esthétique et puissant sur de nombreux aspects, le film séduit par sa radicalité et ses belles propositions cinématographiques. Bluffant.
Recommandation : 4 coeurs
Antoine Le Fur
The sweet East de Sean Price Williams- Avec Talia Ryder, Simon Rex, Earl Cave…
Lors d’un voyage scolaire, Lilian, une jeune lycéenne ravissante mais asphyxiée par l’ennui (Talia Ryder) profite d’un arrêt dans une pizzéria pour fuguer. La voilà partie pour un long périple à travers les Etats-Unis d’aujourd’hui où elle va croiser tour à tour des complotistes, des islamistes, des « wokistes » …bref tout ce que l’Amérique fracturée peut compter de gens « barrés ». Comme par miracle, Lilian, échappera au pire, mais quel voyage !!!…
Pour son premier long métrage, Sean Price Williams n’y est pas allé de main morte! A travers son film d’1h44, c’est un tableau à la fois psychédélique et satirique de l’Amérique qu’il nous propose. Un tableau par moments si chargé qu’il en donne le tournis. Curieusement, on n’en perd pas une miette, sans doute parce que ce primo-réalisateur a une vraie « patte » de cinéaste, culottée et irrévérencieuse, sans doute aussi parce que sa vedette, Talia Ryder, aimante le regard. Pas étonnant que ce Sweet East ait été sélectionné à la dernière Quinzaine des cinéastes… Pour les curieux qui aiment les cinéastes en devenir et les films border-lines…
Recommandation: 3 cœurs
Dominique Poncet
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