Le Successeur
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Thème
Nommé directeur artistique d’une célèbre maison de haute couture parisienne, Ellias Barnes (Marc-André Grondin) est (enfin) comblé. Son premier défilé en tant que nouveau « patron » est un triomphe. Mais son bonheur est de courte durée. A peine a-t-il le temps de savourer son succès, qu’on lui annonce que son québécois de père a succombé à une crise cardiaque. Bien qu’il ait coupé les ponts depuis de longues années, Ellias décide de se rendre à Montréal pour vider la maison paternelle et régler la succession. Au fil de ses découvertes, il va découvrir qu’il a hérité bien plus que du cœur fragile de son père…
Points forts
- La magnificence inquiétante de la séquence d’ouverture. Filmée à la verticale, de très loin d’abord (on ne saisit pas d’emblée de quoi il s’agit), puis de moins haut, cette séquence montre un public assis selon une formation spiralée devant laquelle se défilent les mannequins d’une collection de couture. Non seulement l’effet est saisissant, mais on comprend qu’il est annonciateur d’un récit qui réservera des surprises et ne sera pas linéaire.
- Pour écrire le scénario, Xavier Legrand et sa partenaire en écriture, la dramaturge québécoise Dominick Parenteau-Lebeuf se sont inspirés des classiques de la tragédie grecque (Euripide, Sophocle et Eschyle), ainsi que des drames historiques de Shakespeare dont les héros, pris au piège du « fatum », ne peuvent jamais revenir en arrière. C’est ce qui donne à ce Successeur son côté « fatal ».
- Dans son incarnation d’Ellias Barnes, Marc-André Grondin est exceptionnel d’intensité et de subtilité. Star en son pays ( le Québec), le comédien, qui aura 40 ans le mois prochain, dit avoir aimé la proposition cinématographique de ce Successeur parce qu’ « il malmène avec plaisir le public ». Quoiqu’il en soit, présent dans presque toutes les scènes, et sans une once d’accent québécois (sauf quand les scènes de la seconde partie du film l’exigent), il crève l’écran, trouve là, sans aucun doute, une des meilleures performances de sa carrière. A ses côtés, Yves Jacques est particulièrement touchant dans son rôle du meilleur ami du père d’Ellias.
- Sur le plan visuel, le film est magnifique de bout en bout.
Quelques réserves
Mises à part une ou deux minuscules invraisemblances, aucune remarque négative. Photo, scénario, cadrages, jeu, son et montage… Le Successeur est maîtrisé de bout en bout, dans chacune de ses composantes.
Encore un mot...
Six ans après Jusqu'à la garde, couronné par cinq César, Xavier Legrand revient au grand écran. Joué impeccablement, dans son rôle-titre par le québécois Marc-André Grondin, Le Successeur, ce film noir et intense est aussi d’une grande maitrise « scénaristique » et formelle.
Le passage au second film est souvent difficile, surtout quand le premier a tenu du chef-d’oeuvre…Les cinéphiles qui avaient encensé Jusqu’à la garde, le premier long métrage de Xavier Legrand, ne devraient pas être déçus par ce Successeur librement inspiré de L’ascendant, un roman peu connu d’Alexandre Postel. A la fois polar, thriller et tragédie, réalisé sous haute tension et dans une perfection stylistique rare, ce film surprend de bout en bout, grâce à son intrigue bourrée de fausses pistes et de sous entendus.
Jamais deux sans trois, dit un dicton. Espérons que Xavier Legrand ne fera pas attendre ses fans pendant encore six années pour présenter son prochain opus.
Une phrase
« Dans Le Successeur, c’est de la violence des hommes dont il est question avant tout. Comment l’homme est-il aussi le bourreau de l’homme? Aujourd’hui, on détecte aisément que le patriarcat est un régime qui soumet les femmes et les enfants, mais ce qui est moins évident, c’est qu’il écrase aussi les hommes, les frères et les fils. La sacralisation du lien de sang rend celui-ci indéfectible, non résiliable aux yeux de notre société. Les axiomes comme « de père en fils », « au nom du père et du fils » restent gravés dans nos mentalités ». ( Xavier Legrand, cinéaste).
L'auteur
Après une formation d’acteur au Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique, Xavier Legrand, né le 28 mars 1979 à Melun, commence sa carrière sur les planches, essentiellement dans les théâtres subventionnés. En 2013, il se tourne vers le cinéma. C’est Avant que tout se perde, un court-métrage, qui recevra de nombreux Prix, dont celui du César du meilleur court-métrage. Devant son succès, le jeune cinéaste en écrit une suite, cette fois pour un long, qu’il intitule Jusqu’à la garde. Présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise, ce drame sur la violence paternelle emmené par Léa Drucker et Denis Ménochet, décroche le Lion d’Argent du meilleur réalisateur et le Lion du Futur de la meilleure première œuvre. Il obtiendra l’année suivante, en 2019, 5 César, dont celui du meilleur film.
Après un petit détour par le clip (Pas plus le jour que la nuit d’Alex Beaupain ) et la télé (la réalisation de deux épisodes de la série Tout va bien de Camille de Castelnau), Xavier Legrand revient au cinéma avec Le Successeur, qui est son deuxième long métrage.
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