Civil War

Une guerre civile au cœur des Etats-Unis. En tête d’affiche de ce film sidérant et puissant, tendu comme un thriller, une Kirsten Dunst au sommet, et très bien entourée
De
Alex Garland
Avec
Kirsten Dunst, Wagner Moura, Jefferson White, Cailee Spaeny…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Dans un futur proche aux Etats-Unis… Le Texas et la Californie ont fait sécession, et une guerre civile, d’une grande violence, ensanglante le pays. Depuis quatorze mois que durent les affrontements, les séparatistes ne cessent de gagner du terrain sur les loyalistes. Ils sont d’ailleurs désormais aux portes de Washington où le Président s’est  bunkerisé.

 A New York, un trio de journalistes, Lee, une photographe de guerre aguerrie ( Kirsten Dunst),  Joël, un grand reporter (Wagner Moura) et Sammy, un vétéran spécialiste des conflits (Stephen McKinley Henderson) décident, malgré les risques, de rejoindre la ligne de front, située à l’Ouest de la capitale. Avec l’espoir avoué d’arriver jusqu’à la Maison Blanche pour interviewer le Président. Au dernier moment, une très jeune photographe, totalement inexpérimentée (Cailee Spaeny),  réussit à embarquer dans leur voiture. Chacun des quatre sait qu’il risque de ne pas sortir indemne de ce  road-trip… 

Points forts

  • Le scénario. Il a été écrit uniquement du point de vue des  « reporters » qui « couvrent »  la guerre civile, soit des journalistes de terrain dont le métier est de relater les faits, sans les éditorialiser. Le sujet du film n’est ni de  juger le conflit, ni d’en évaluer l’issue, mais d’en montrer l’horreur et la violence. On ne saura donc pas  ce qui a déclenché le conflit. Et en l’occurrence, peu importe.

  • La grammaire visuelle du film. Alex Garland dit qu’il ne s’est pas inspiré d’autres films de guerre, mais  qu’il s’est nourri uniquement d’actualités télévisées. Cette façon de procéder a donné à Civil War un niveau de réalisme rarement atteint au cinéma. On est  avec les belligérants, totalement immergés dans le conflit. L’effet est sidérant.

  • Certes,Civil War est une fiction. Mais elle tombe à pic en ce moment où, à quelques mois des élections présidentielles ( le 5 novembre prochain), l’Amérique paraît plus fracturée que jamais.

  • Et puis, bien sûr, il y a la distribution, impeccable, comme il se doit, du plus anonyme des cascadeurs à la « star » du film, Kirsten Dunst (qu’on n’avait plus vue sur grand écran depuis trois ans, et qui est irréprochable en photo-reporter habituée à gérer son émotion devant l’innommable), en passant par Wagner Moura (nickel dans son rôle de journaliste habitué au danger), Stephen McKinley Henderson (plus que parfait en vieux baroudeur impassible mais qui n’en pense pas moins) et aussi la jeune Cailee Spaeny  (25 ans) dont la « valeur » n’a pas attendu le nombre des années pour prouver qu’elle est une grande actrice (On a pu le constater dernièrement dans Priscilla dont elle tient le rôle-titre). 

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

Pour réaliser sa terrifiante et glaçante dystopie, Alex Garland a bénéficié d’un budget de 50 millions de dollars. Pharamineux ? Peut-être, mais A24, le studio qui le lui a accordé, ne doit pas s’en mordre les doigts. Le premier  jour de sa sortie aux Etats-Unis, Civil War  a réalisé plus de 25 millions de dollars de recettes, prenant ainsi la  tête du box-office américain. Malgré la concurrence d’autres sorties cette semaine dans l’ Hexagone ( Borgo; Amal, un esprit libre; A resilient man…voir chronique “Et puis aussi” de cette semaine ), il ne serait sûrement pas surprenant qu’il prenne aussi d’emblée la tête du box-office français. 

Une phrase

(qui seront deux :) 

  • « Je trouve que ce film ressemble à une fable. Il nous montre ce qu’il se produit lorsque des gens ne communiquent plus et les lourdes conséquences que cela peut avoir. Quand personne ne s’écoute, quand les journalistes sont réduits au silence, quand nous perdons notre vérité commune » ( Kirsten Dunst, comédienne).

  • « Quand j’ai lu le scénario, je me suis senti vraiment perturbé. Ces images qu’on a l’habitude de voir à la télé et qui se déroulent généralement dans des pays lointains, avaient lieu ici, aux Etats-Unis, c’était fou et effrayant » ( Wagner Moura, comédien).

L'auteur

Aujourd’hui nouvelliste, romancier, réalisateur, scénariste et producteur, Alex Garland, né à Londres en 1970, est le fils du dessinateur de presse Nick Garland. Il a entrepris des études d’Histoire à l’Université de Manchester avant de se consacrer à l’écriture. Sa première nouvelle, La Plage, en 1996  inspire le film éponyme  de Danny Boyle avec  Léonardo di Caprio. Est-ce cela qui l’incite à se tourner vers le cinéma ? En tous cas, tout en continuant d’écrire pour la littérature, il signe les scénarios, en 2002, de 28 jours plus tard et, en 2007 de Sunshine (tous les deux  réalisés par Danny Boyle), puis en 2010, celui de Never let me go de Mark Romanek et  en 2012, celui de Dredd de Peter Travis. C’est en 2014 qu’il se lance dans la réalisation avec Ex Machina, un thriller de science-fiction dont il a aussi écrit le scénario. Depuis, il a réalisé (et écrit), en 2017, Annihilation, également un thriller de science-fiction avec Natalie Portman en tête d’affiche, puis Men, un film d’horreur,  en 2022.

Civil War est le quatrième long métrage du réalisateur, dont la compagne est l’actrice et réalisatrice  britannique Paloma Baeza. 

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