Au Groenland, souviens toi de l'avenir Mémoire du vivant en terre de glace
224 pages - 35 €
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Thème
Artiste et photographe, Férial décide de passer un mois sur un chalutier prisonnier de la banquise, sur la côte ouest du Groenland. Ce mois de mars 2020 est celui où pointe la débâcle, moment où la banquise se fracture avant de s'ouvrir lentement aux assauts des jours qui allongent. Dans cette retraite, à une heure de marche du premier village Inuit, Férial observe son environnement et propose de partager ses sentiments, en photos et en prose. L'aurore, le bateau, le village, l'immensité, la glace, le blizzard, la nuit, la brume, sont quelques uns des 28 chapitres de ce récit qui flotte entre émerveillement et inquiétude - intuition d'un monde qui se dissout lentement dans le réchauffement climatique.
Points forts
Cet essai est peut être d'abord un "beau livre". Composé des belles photos de Férial, il propose en images aussi réalistes que poétiques ce pays extrême - où en mars, les températures montent rarement au dessus de -25°. Pour avoir découvert le Groenland comme elle, en mars 2020, et à quelques 150 km au nord de son chalutier "camp de base", je peux attester que son regard est aussi juste et précis que sensible. Si les noir et blanc sont très présents, les photos en couleur magnifient ces traces de vies (le bateau, l'eau libre, l'aurore, hommes, faune et flore) qui disputent leur existence au désert blanc.
La seconde qualité de ce livre est son texte. Il associe descriptions et réflexions, autant d'occasions de sensibiliser à la vie dans les conditions extrêmes, les sentiments qu'elle engendre, la poésie qui s'en dégage. Composé en prose, il enrobe de belles ou surprenantes formules, la beauté et la fragilité de cette terre et de ses habitants.
Il est aussi abondamment accompagné d'extraits de chansons, de références mythologiques et de clins d'œil au cinéma.
Quelques réserves
A priori il n'y en a pas, sauf à détester les pays froids.
Encore un mot...
“Au Groenland souviens toi de l'avenir” est un livre qui marque par la qualité de ses images (qui rappellent un peu celles de Vincent Munier et Philippe Tesson - Tibet Minéral animal) et son texte inattendu. Il est aussi un plaidoyer plus "sensible" que "militant" pour la lutte contre le réchauffement climatique, la frénésie de la vie moderne, la préservation des espaces naturels. A la différence de beaucoup de beaux livres, celui-ci trouve son originalité dans l'expression poétique des pensées de son auteur. Entre un émerveillement légitime et des peurs prémonitoires, il interroge sur la nécessité de conserver la "mémoire du vivant en terre de glace". Le Manguier, refuge de Férial pour composer ce livre, est une résidence d'artistes en Arctique.
Une phrase
"La vie, tenace et colorée, est sans égal dans cette blancheur éperdue, intense et exaltée. Les éléments flirtent avec les reliefs, la faune folâtre, la flore germine. Malgré l'extrême, l'immense et l'homérique.
Les deux corbeaux d'Odin m'ont accompagné dans ce voyage initiatique en m'abreuvant, jour après jour, au point d'eau d'une mission : La mémoire du vivant.
L'essence de la vie autour de moi s'est blottie dans chaque flocon, chaque sillon, chaque ouvrage de la nature et des sons. A portée de main, offerte à mon regard et à mon art, elle a émerveillé mon errance, été souvent ma délivrance. " P 220
L'auteur
Ferial est artiste plasticienne et photographe. Française, elle se consacre à la photographie humaniste, média qu'elle utilise pour dénoncer notamment le dérèglement climatique.
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