Les carnets du sous-sol
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Thème
- Terré dans un sous-sol de Saint Petersbourg depuis vingt ans, un homme - ici une femme, mais qu’importe - qui se présente d’abord comme un « méchant » décide d’écrire ses pensées, et déroule un monologue amer et imprécatoire, tour à tour chuchotant et éructant. Il y est question de lui, de sa haine, de sa solitude, de l'humiliation que tous subissent.
- L’individu interroge la raison et l’action, la liberté, vante autant qu’il conspue l’inertie et la bêtise, celle de l’homme normal voué à la passivité., questionne les rapports qu’entretiennent le bien et le mal.
Points forts
- C’est un spectacle courageux. Le texte est magnifique , mais dense, contradictoire, difficile à suivre et pour tout dire épuisant…
- L’espèce de douceur lasse, d’ironie que les choix de la comédienne confèrent à ce texte qui peut être beaucoup plus rageur, contribue au passage de relai avec le public.
Quelques réserves
Dans le pauvre décor de ce petit théâtre qui convient parfaitement, pourquoi cette chapka et ces bottes qui singent avec un dépouillement factice et facile une Russie qui n’est pas le centre du propos ?
Encore un mot...
Il y a comme un parfum très contemporain dans cette révolte ironique contre les lois de l’arithmétique, contre un rationalisme qui dévitalise le monde (« 2 et 2 font 4, c’est déjà plus la vie, mais déjà le commencement de la mort »), dans ce ressassement se gaussant de l'idéalisme amoureux du progrès, du sublime et de la conscience augmentée, dans ce soliloque inquiet sur la liberté et ce qu’il reste d'autonomie aux êtres dans la civilisation On goûtera l’instant, à la fois éprouvant et nécessaire.
Une phrase
- « Non seulement je n'ai pas su devenir méchant, mais je n'ai rien su devenir du tout : ni méchant ni gentil, ni salaud, ni honnête - ni un héros ni un insecte. »
- « Les hommes l'aiment quelquefois, la souffrance, d'une façon terrible, passionnée, ça aussi, c'est un fait. Ce n'est même plus la peine de se rapporter à l'histoire du monde ; posez-vous la question vous-même si seulement vous êtes un homme et si vous avez un tant soit peu vécu. »
- « Qu'est-ce donc qu'elle adoucit en nous, la civilisation ? Tout ce que fait la civilisation, c'est qu'elle amène à une plus grande complexité de sensations… absolument rien d'autre ».
- « La civilisation a rendu les hommes plus salement lâches et sanguinaires. ».
L'auteur
Publié en 1864, Les Carnets du sous-sol, longtemps méconnu, est pourtant un texte central dans l'oeuvre de Dostoïevski. Cette épure annonce des thèmes qu’il développera ensuite dans ses romans et on comprend en l’écoutant (ou le lisant) que cette philosophie de la tragédie ait possiblement inspiré Freud, et même Nietzsche.
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