La France, Empire
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Thème
Seul en scène, les souvenirs d’enfance, à l’école et en famille, de Nicolas Lambert, ouvrent la voie à une réflexion, à la fois introspective, politique et sociale, sur les valeurs de la République à travers la question de l’enseignement et de la mémoire des guerres du XXe siècle, en particulier celles, mal nommées, de la période post 1945, qui ont vu les anciennes colonies françaises accéder à l’indépendance.
Points forts
Un texte, très documenté, argumenté et soigneusement écrit, aux accents autobiographiques, joué par un seul comédien qui parvient, en incarnant les nombreux autres personnages évoqués, à mimer les présidents de la République, en particulier le général de Gaulle au centre des conflits, dits de « décolonisation. »
Tout en évoquant l’époque, son atmosphère, ses silences et ses non-dits, le ton reste juste même au moment de l’évocation des scènes de violence les plus terribles.
Un propos clair et engagé qui brosse le portrait de générations dont les contradictions et les ambiguïtés posent encore question aujourd’hui, concernant le rapport entre les populations anciennement colonisées et la France républicaine telle qu’elle se rêve.
De belles trouvailles de mise en scène et des formules poétiques pour mettre en lumière les apories du second vingtième siècle.
Quelques réserves
- Quelques minimes longueurs au début du spectacle, avant que le propos ne s’affermisse en s’éclairant.
Encore un mot...
Il est rare d’utiliser la forme théâtrale du « documentaire de création » pour inciter à la réflexion citoyenne sans sombrer dans l’ennui du prêche. Le pari d’éveiller les consciences, notamment celle des jeunes gens, en les alertant sur les déséquilibres des legs des guerres du vingtième siècle, est relevé avec autant de tact que de fermeté, sans recours aux postures morales hypocrites ni aux clichés justifiant l’impossible.
Apprendre l’Empire et son démantèlement, regarder la vérité de la colonisation et son cortège de maux en face, pour éviter d’adhérer au « grand remplacement », tel est le remède au déni du racisme engendré par l’ignorance et le manque de lucidité.
Une phrase
« Quand on n’aime pas, on ne compte pas. »
« A Paris, les accents ont toujours tort. »
« “Dédomtomisation“ plutôt que « décolonisation. »
« Pour s’intégrer, il faut se désintégrer. »
- « L’universel, c’est moi. »
L'auteur
Auteur, metteur en scène et comédien, Nicolas Lambert, né en 1967 en Picardie, entreprend, depuis 2003, d’esquisser sur scène les contours démocratiques de la France de la Cinquième République à travers un travail documentaire en trois volets : Elf, la pompe Afrique (Bleu) en 2004, Avenir Radieux, une fission française (Blanc) en 2011 et Le Maniement des larmes (Rouge) en 2015.
L’approche originale consiste à intégrer le document, considéré comme un matériau artistique, dans le travail de mise en scène et d’écriture théâtrale.
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