SENS DESSUS DESSOUS
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Thème
- Pour soixante représentations exceptionnelles, André Dussollier reprend - sous un nouveau titre - le spectacle qu’il livrait en 2002 : Monstres sacrés, sacrés monstres.
- Des extraits de textes célèbres, ressuscités hors de leur contexte et pour eux-mêmes, réunis dans une sorte d’anthologie personnelle, une petite pièce à plusieurs auteurs dite par ce comédien qu’on ne présente plus.
- Seul sur scène, sobrement vêtu d’un pantalon et d’une chemise noirs, avec pour seul décor un siège, un petit bureau et des effets de lumière et de vidéo, Dussollier ouvre à son public la cassette de ses trésors.
Points forts
- A 77 ans, André Dussollier n’a rien perdu de son charme, de sa présence solaire, de sa malice et de sa virtuosité. Sautillant et réjoui, il fait son entrée sur un texte de Guitry, programmatique de ce seul-en-scène qui lui permet tout : « Là, je suis vraiment seul/ Je peux gesticuler/(…)/… et puis je peux parler, parler tout haut. »
- Alors qu’il enchaîne les textes en tous genres, on reste pantois devant sa mémoire infaillible, sa diction parfaite en dépit d’un débit souvent très rapide, la musique de son phrasé et la maîtrise incroyable du souffle. Bref, il livre une véritable performance théâtrale qui prouve que le talent se moque du nombre des années, et illustre par l’ivresse des mots l’un des textes choisis : « Il faut être toujours ivre, Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules (…). » (Baudelaire)
- Les textes choisis par Dussollier sont tous d’une grande qualité, quel qu’en soit le registre : grave et bouleversant avec Hugo et son Crapaud, coquin et subtil avec l’Abbé Lattaignant (Le Mot et la chose), drôle et absurde avec Roland Dubillard ou Raymond Devos, dont le sketch Sens dessus dessous donne son titre au spectacle …
Quelques réserves
- En réalisant un montage de textes de toutes époques et de tous styles, André Dussollier s’est heurté à l’écueil de la cohérence. Evidemment, dans cette anthologie justifiée par le seul plaisir du comédien, l’ « esprit français » fait office de dénominateur commun. Mais est-ce suffisant ? Cela construit-il un spectacle ? Pas vraiment. L’impression persiste jusqu’à la fin d’une juxtaposition gratuite et un peu facile de textes sélectionnés par un dilettante qui n’a plus rien à prouver.
- Dussollier parle vite, très vite. Alors, même s’il sait parfaitement ménager les silences et les placer juste, son débit oblige le public à une grande concentration. Bien sûr, on peut ne prêter l’oreille qu’aux sonorités, à la musique des phrases plutôt qu’au sens. Mais dans ce cas, que devient le « partage » que promet le comédien lui-même dans le programme, où trouver le temps de savourer ensemble ?
- On se croirait un peu dans une fable de La Fontaine revisitée qui camperait Dussollier en lièvre impérial, traçant de fleur en fleur, ivre de mots, tandis que nous, pauvre public, jouerions la tortue qui se traîne pour le suivre.
Encore un mot...
Une démonstration attendue de maestria.
Une phrase
« Et puis je peux penser./ Pour bien penser, faire le noir… /Mettre ma main sur mes deux yeux… ne plus rien voir. / Regarder bien au fond de moi-même… évoquer Ma Volonté, ma Conscience et ma Mémoire… Et puis aussi Ma Fantaisie ! (…) Oui, les voilà… les voilà bien toutes les quatre ! /Ma Conscience à la fenêtre est accoudée/ Avec son teint d’albâtre/ Et son air de bouder…/ Ma Volonté sur le divan s’est assoupie/ Dans sa robe grisâtre… /Ma Fantaisie est accroupie/ Auprès de l’âtre… /Et tandis/ Qu’elle noue en riant les franges du tapis, /À mon oreille bien tendue Ma Mémoire déjà me dit :/ « Te souviens-tu ? » /Ah ! Que c’est bon d’être tout seul avec soi-même ! » Sacha Guitry dans Un soir quand on est seul (éditions Omnibus)
L'auteur
- André Dussollier est né à Annecy en 1946. Pas franchement enfant de la balle - ses parents sont percepteurs - il monte pourtant sur scène dès l’âge de dix ans et n’en démord plus : il veut être comédien.
- Après des études de lettres et de linguistique, il part pour Paris à 23 ans concrétiser son rêve et prépare le concours d’entrée au Conservatoire. Il en sort en 1972 couronné par un 1er Prix qui lui ouvre la Comédie française comme pensionnaire. Là, il est remarqué par François Truffaut qui lui offre un rôle de choix dans Une belle fille comme moi.
- Lancé, il va enchaîner les films et varier les registres : films d’auteur avec Resnais ou Rohmer, comédies populaires qui deviendront culte (Trois hommes et un couffin, Tanguy), films à caractère historique (La Chambre des officiers, Diplomatie, Le Tigre et le Président) et thrillers (Ne le dis à personne, Boîte noire). Il prêtera aussi sa célèbre voix à des dramatiques radiophoniques et au narrateur d’Amélie Poulain. Ses interprétations lui ont valu, entre autres, trois césars et un Molière.
Commentaires
Fidèles admirateurs d'André Dussollier, nous avons été quelque peu déboussolés dès le début du spectacle, à chercher le fil conducteur entre les différents textes. Le débit des mots nous a gêné pour apprécier certains textes, des mots se sont perdus en route et nous aussi. Heureusement, à d'autres moments le rythme s'est ralenti nous permettant d'apprécier son interprétation remarquable. Nous aurions eu besoin d'une introduction avant le début du spectacle, pour apprécier pleinement la prestation dès le premier mot.
Quel bonheur d'écouter les textes choisis et interprétés par André Dussolier, merveilleuse soirée, merci merci mille fois merci
Très vite on est cueilli par le conteur, le timbre, le rythme et cette géniale sensation de ressentir chaque mot, d'être familiarisé par un passage d'un texte lu ou appris il y a longtemps et que l'on saisit enfin. Si je dois en retenir un, deux s'il me plait, le crapaud et cette homme qui....L'auteur. J'en suis sûr, s'y rend chaque soir, aux Bouffes et avec nous se laisse emporter par l'émotion qui nous enveloppe puis retourne se reposer.
Merci pour ce moment rare Mr Dussolier.
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