L'espion et le traître, traduit de l’anglais par Henri Bernard
377 pages
23,40 Euros
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Thème
Le colonel Oleg Antonovitch Gordievsky du KGB, pur produit de la Nomenklatura soviétique, sous couvert d'activités diplomatiques, renseigna les Britanniques du MI6 de 1973 à 1985, avec, à sa portée, des sources exceptionnelles.
Sa foi dans le bonheur soviétique vacilla lors de la construction du Mur de Berlin, en 1961, puis s'éteignit tout à fait avec l'occupation de Prague en 1968. Son cheminement vers l'Ouest fut long et complexe. Ses informations évitèrent les plus gros désastres d'une incontrôlable Guerre Froide. En poste au Danemark, puis à Londres, débusqué par une taupe américaine, il fut finalement exfiltré vers l'Angleterre où il est désormais un paisible et anonyme retraité. En 2007, il fut nommé Compagnon de l'Ordre de Saint Michel et de Saint Georges, décoré par la Reine pour "services rendus à la Sécurité du Royaume Uni".
Points forts
Inouï ! Une double vie incroyable ! On est entre Red Sparrow, James Bond et John le Carré, si ce n'est que c'est une histoire vraie, une vraie aventure humaine : Kim Philby à l'envers.
On pénètre dans les tréfonds de la paranoïa soviétique et de l'hystérie de la CIA : L'analyse de la pratique et de la mentalité du renseignement (chap.4) est remarquable. La 3ème partie, consacrée à l'exfiltration de Moscou d'Oleg Gordievsky est inimaginable. Mieux qu'un roman !
L'écriture est précise, élégante et parfois pleine d'un humour tout britannique. La traduction par Henri Bernard est excellente.
Un cahier central de photographies des personnages évoqués agrémente le récit.
Quelques réserves
Récit passionnant, mais dense et touffus. Exténuant. Il est recommandé de s'arrêter souvent. On peut - éventuellement- sortir de cette lecture complètement parano.
Une phrase
“ En 1982 la Guerre Froide était si brûlante qu'une guerre nucléaire était plausible. Gordievsky révéla que le Kremlin croyait à tort, mais avec la plus ferme des convictions, que l'Occident était prêt à appuyer sur le bouton nucléaire (p 164).
A 11 heures, le troisième samedi du mois, le MI6 enverrait un officier flâner sous la pendule du marché central,...portant un sac vert et un pantalon gris...si notre agent cherchait un contact furtif afin de transmettre un message p 114) “
L'auteur
Ben Macintyre, historien britannique, chroniqueur au Times et correspondant de presse à New York, Washington et Paris, a publié des ouvrages sur plusieurs grandes affaires d'espionnage, notamment sur les espions qui ont “changé” le cours de la Seconde Guerre mondiale, les espions du Débarquement (sous le titre Mincemeat). Il a disposé pour celui-ci de sources très précieuses et a procédé à une enquête de 3 années auprès de son héros.
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